Les restaurants Cora embauchent, faites partie de l’équipe!
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9 avril 2023

Chère dame Isabel P.

Chère dame Isabel P., quelle belle surprise vous me faites en vous intéressant à moi, et c’est avec grand plaisir que je vais répondre à toutes vos questions. J’ai cru comprendre, en lisant votre lettre reçue hier matin au siège social de l’entreprise Cora, que vous travaillez en communication et que vous devez produire un article consistant à interroger une personnalité du monde de la restauration.

Je dois d’abord vous dire, chère Isabel, que je suis très honorée que vous m’ayez choisie. Dans ce monde d’aujourd’hui, rempli d’une foule de jeunes et de moins jeunes cuisiniers émérites, vous aviez amplement le choix d’interroger une étoile scintillante. Et vous avez choisi une orange confite, va pour sanguine et colorée, mais dont le jus se vide tout doucement du fruit… Allez, chère Isabel, sortez votre liste de questions! Je suis rarement en panne de réponses.

— Dame Cora, je dois vous dire que j’ai décidé justement de faire un article intimiste. Je lis vos Lettres du dimanche et je suis certaine que ce qui intéresserait vos lectrices n’est ni votre parcours professionnel ni vos trophées et le grand nombre de vos établissements. Toutes ces lectrices qui ont fait le tour de la Gaspésie avec vous, ce qu’elles veulent connaître, c’est votre rapport à la nourriture, vos préférences, vos petites manies et ce dont vous ne pouvez vous passer.
— J’adore ce genre d’interview, chère Isabel. Sortez vos questions et déplumez l’oiseau rare!

— Allons-y! Quelle est la recette que vous aimez le plus cuisiner?
— Des feuilletés aux épinards (spanakopita) parce que c’est ce que mes enfants et petits-enfants préfèrent manger et parce que je les réussis très bien.

— Mis à part les chefs dans les restaurants Cora, qui est votre cuistot favori?
— J’en ai deux. Matthew, notre génial jeune chef corporatif au sein de notre Entreprise et Éric, un vieux pruneau de mon âge, grand ami, cuisinier de métier et diplômé des grandes écoles culinaires de Suisse. Éric excelle dans les sauces et son caramel, je l’avoue, est meilleur que le mien. Oui, oui!

— Lorsque vous avez envie de vous gâter, que choisissez-vous de manger?
— Longtemps, lorsque je travaillais à grande vitesse, c’était la pizza et les lasagnes. Réconfortant, délicieux et bourratif, un seul gros repas par jour m’économisait du temps. Aujourd’hui, je mange beaucoup plus sainement, accompagnant chaque repas de crudités (radis, carottes nantaises, bâtons de céleri, daïkon mariné et petits concombres d’été) pour remplacer le pain. Je préfère le poisson et les fruits de mer à la viande, mais les côtelettes d’agneau bien cuites me font saliver.

— Êtes-vous davantage du type sucré ou salé?
— Je suis définitivement du type salé même si, jeune femme, je ne pouvais résister à une tarte au sucre St-Hubert. Aujourd’hui, je ne mange pas de dessert; une bouchée pour goûter au travail, et une beurrée de confitures sur une toast lorsque j’en fais.

— Si vous ne deviez manger qu’une sorte de plat pour le reste de votre vie, quel serait-il?
— Des feuilletés aux épinards, avec modération, et des crudités. Et si la planète arrivait à manquer d’épinards et que le prix des homards était toujours raisonnable, j’en mangerais un beau gros matin, midi et soir; froid avec mayonnaise ou chaud saucé dans le beurre à l’ail.

— Quel est le pays ou quelle est la culture que vous appréciez le plus pour sa cuisine?
— La cuisine grecque, bien entendu, parce que je la connais et la maitrise très bien. C’est d’ailleurs la seule chose que l’époux m’a donnée en plus de trois semences dans mon ventre.

— Avez-vous une petite fringale un peu étrange; quelque chose que vous mangez qui fait sourciller les autres?
— Pas vraiment. Je mange beaucoup de poisson, du hareng boucané, des petits capelans séchés, beaucoup de saumon fumé, autant de morue, des calmars frits à l’occasion et de grosses crevettes d’Argentine lorsque c’est la fête.

— Êtes-vous une fine bouche, une adepte de la gastronomie?
— Pas du tout! Ma spécialité, c’est le déjeuner et je marcherais à genoux jusqu’à Boston si j’étais certaine d’y découvrir un nouveau déjeuner mirobolant.

— Croyez-vous qu’un homme pourrait vous séduire par la panse?
— Quelle épouvantable question que voilà! Je marine depuis tellement longtemps dans les eaux du célibat que je désespère. Les hommes me voient comme un réel succès alors que mon cœur de reine est échec et mat depuis presque 60 ans.

— En 1987, lorsque vous avez ouvert votre premier petit restaurant de déjeuners, ce repas n’était ni à la mode ni populaire. Pourquoi avez-vous choisi cette spécialité?
— Croyez-moi ou non, c’est un ange du ciel qui a mis cette idée dans ma tête. Je relevais à cette époque d’un sévère burnout, obligée de vendre l’abri familial. C’est le ciel qui a eu pitié de moi en trouvant un acheteur pour ma maison dont la vente m’a permis d’ouvrir un petit resto pour au moins gagner notre croûte. Inspirée d’en haut, je me suis concentrée sur le repas matinal et ma créativité a fait le reste.

— Avez-vous un péché mignon? Une chose à laquelle vous ne pouvez résister?
— Malheureusement non. Mais si, un de ces matins bénis, tous les grands poètes pouvaient ressusciter ensemble dans ma cour arrière, je ne pourrais résister à l’envie de dresser pour eux une immense table de toutes mes meilleures spécialités matinales.

— Merci beaucoup, chère Madame Cora.
— Merci à vous, chère Isabel.

Cora
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