Depuis cinq ans, je vous ai raconté ma vie. J'ai partagé avec vous mes meilleures recettes et mes grands succès. Je n’ai pas non plus lésiné sur les détails concernant l’échec de mon mariage. Je vous ai aussi parlé de mes voyages et de l’ordinaire que j’ai endimanché avec mes mots. Je vous ai avoué que je cherche encore et toujours le grand amour, même dans les agences de rencontre!
J’ai écrit sur tout ce que je souhaite compléter avant de m’envoler. Il me reste encore quelques secrets que j’ai pleurés tellement de fois. Vous les dévoilerais-je avant d’accrocher ma plume?
Toutes ces larmes glacées, tous ces horribles mots venant de l’époux, me tuaient à petit feu. Je n’avais pas trente ans et ma vie tournait uniquement autour de lui, de trois enfants et plusieurs déménagements qui nous avaient menés ici et là dans des logements bourrés de coquerelles. J’avais peur la nuit lorsque le plus jeune se réveillait et braillait. Je savais qu’une armée de blattes dansait sur le plancher de la cuisine et j’évitais d’allumer une lumière pour ne pas les voir en réchauffant le lait pour le biberon.
Quant à l’homme, joueur, danseur et buveur, je m’inquiétais lorsqu’il arrivait aux petites heures du matin. Lui resterait-il un peu de force pour transporter les enfants dans leurs lits? Immobile, les yeux fermés, mon corps lui tournant le dos, je feignais de dormir. Je ne pensais qu’à m’enfuir de cet affreux mariage qui me privait de ma langue maternelle, de la lecture et de l’écriture qui me manquaient tant.
Comme l’homme dormait jusqu’à midi, j’habillais et nourrissais les enfants presque en silence, et hop, chaque matin, nous dégringolions les trois étages miteux de cet affreux triplex avec le tout-petit bien attaché dans sa poussette. Mon cœur en lambeaux et mon âme aussi vide qu’une église païenne, j’essayais de sourire. Même lorsqu’une voisine me disait bonjour, j’avais juste envie de pleurer tellement mon malheur me pesait.
Fin septembre, peut-être début octobre, mes règles se dérèglent. Je connais les premiers symptômes par cœur. L’angoissant retard du sang, mes petits seins gonflés et sensibles, les nausées, la grande fatigue et mon ventre qui se bombe un tantinet. Je calcule péniblement les jours : 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33… J’attends le sang qui n’arrive pas. Comme avant. J’ai mal au cœur, mal à mon corps, et ma tête étourdie se doute qu’une nouvelle vie s’agite en moi. Je ne dis rien à ma mère ni à mon père, et surtout rien à ce bon à rien qui s’en contrefiche certainement. J’essaie bien de me cacher, mais mes trois petits m’entendent sangloter. « Pourquoi tu pleures, maman? », me demande ma fillette. Je crains d’être enceinte une fois de plus et j’ai juste le goût de pleurer. Vais-je en parler à l’homme qui ne me regarde jamais? Il entre son arme en moi et me trucide chaque fois.
J’écris ces lignes ce matin et je ressens encore mon désespoir d’autrefois. Prétextant une douleur au sein gauche, j’attends le samedi pour que ma belle-sœur Maria puisse garder les enfants quelques heures. Même sans paroles, elle sait bien de quoi il s’agit. Elle-même s’est rendue au gros hôpital, et a étendu son corps sur une table de métal glacé.
Le mari toujours endormi, je me prépare à pas de souris. Je m’assure d’avoir en main ma carte d’assurance maladie et d’être à jeun 8 heures avant le rendez-vous fatidique. Je bourre une grosse sacoche de vêtements amples et un haut à manches courtes pour la piqûre au bras. J’apporte aussi trois ou quatre grosses serviettes hygiéniques et un paquet de vieilles guenilles propres.
Lorsque je quitte le triplex, je verse toutes les larmes de mon corps. J’ai presque envie de changer d’idée, mais lorsque je touche le trottoir, je marche courageusement jusqu’à l’arrêt d’autobus. Arrivée à l’hôpital, une infirmière m’installe dans une petite chambre et me demande de remplir un long questionnaire sur mon état de santé. Lorsque la femme revient, elle me fait une prise de sang ainsi qu’une échographie pour évaluer le stade de la grossesse, puis elle m’explique le déroulement de l’intervention. J’ai déjà subi un avortement, en Grèce, à peine un mois après avoir donné naissance à mon plus jeune fils. Le vieux médecin qui avait effectué mon examen de suivi d’accouchement avait dévoilé ma grossesse au mari et, de connivence avec lui, m’avait endormie pour m'avorter. Cet embryon avait été retiré sans mon consentement.
Cette fois, j’ai pleinement conscience de ma décision. Elle torture autant mon esprit que mon cœur. L’infirmière écoute mes préoccupations et répond à mes questions. Je pleure, j’ai honte, je veux m’enfuir, je veux mourir, mais comment pourrais-je abandonner mes trois petits? J’enfouis ma tête sous l’oreiller et j’arrête de respirer.
Lorsqu’une nouvelle infirmière arrive et m’informe qu’elle doit prendre mes signes vitaux, elle m’installe un petit tube dans une veine. Elle m’explique qu’elle m’injectera des médicaments contre la douleur et un calmant; elle me conforte et m’informe que je ne serai pas endormie, juste un peu « gazée ».
J’ai soudainement très peur lorsqu’un homme tout de blanc vêtu, un médecin, je suppose, entre dans la pièce. Il s’approche de mon corps. L’infirmière m’explique que le médecin va geler le col de l’utérus, ce passage par où le bébé sort normalement au moment de l’accouchement.
Je sais trop bien que ma situation n’est pas idéale pour mettre un autre enfant au monde. Je sais aussi, ma belle-sœur me l’a dit, que le médecin spécialiste introduira un petit tube de plastique qui ressemble à une paille pour aspirer le contenu de mon utérus. Je pleure, j’ai peur, je m’en veux d’avoir peut-être oublié la petite pilule que je devais avaler chaque matin.
À peine la procédure terminée, on me transfère dans la salle de réveil pour une petite heure. Une infirmière vérifie mon rythme cardiaque, ma pression, mes saignements et si l’effet des calmants et des médicaments antidouleurs pouvant diminuer mes réflexes et ma concentration s’est atténué. On me suggère fortement d’être raccompagnée à la maison. Moi, je surveille l’horloge et j’angoisse à l’idée du trafic et des autobus bondés en fin d’après-midi et du mari qui cherche peut-être où je suis. Même s’il ne se soucie aucunement de moi, il remarquerait mon absence. Je m’habille lentement, mettant dans ma culotte deux serviettes hygiéniques et une guenille.
Toute seule, je descends lentement le grand escalier de l’hôpital. Je sors et je marche à petits pas jusqu’à l’arrêt d’autobus. Comme je dois lui sembler un peu fatiguée, une jeune fille m’offre son siège. Durant le trajet, je passe par toute la gamme des émotions. Arrivée devant le triplex, je manque de courage, je m’effondre. Mais je dois me ressaisir avant que quelqu’un ne me remarque, ou pire, que le mari s’en aperçoive.
Épuisée et m’agrippant à la rampe, je gravis une par une les marches qui mènent à l’appartement. J’appelle ma belle-sœur pour l’aviser que je suis de retour et qu’elle peut me ramener mes enfants. Je prends une grande respiration et j’avale ma douleur. J’enferme cette journée dans un tiroir de ma mémoire; un tiroir que j’ouvre peu puisqu’un atroce grincement de souffrance se fait entendre chaque fois.
Cora
❤️
Avant de m’envoler, arriverais-je à extraire mon cœur de son écrin de chagrin? J’ai été femme, puis homme pour ma descendance, et me voici, ni l’une ni l’autre pour moi-même. J’ai quelquefois l’impression que mon cœur pourrait cesser de battre, comme si un ange allait enlever les piles. Je ne tiens qu’à un fil, et je n’ai qu’une toute petite idée de ce à quoi l’éternité ressemblerait. Je m’agrippe à cette conception de durée qui n’a supposément ni commencement ni fin.
Avant de m’envoler, je bénirais mes trois rejetons. Une fille et deux garçons, tous dans la cinquantaine aujourd’hui. Ils sont ma raison de vivre, ma joie, mon bonheur et mon héritage ici-bas. Ils m’ont donné quatre petits-fils et deux petites-filles, ainsi que deux arrière-petits-fils. Quel immense bonheur ce sera pour moi de les voir bientôt sauter dans la piscine de leur arrière-grand-mère!
Avant de m’envoler, peut-être devrais-je me réconcilier avec le géniteur de mes enfants. Surtout, lui pardonner ses bêtises, ses manquements d’amour et sa totale ignorance du droit chemin. Comme je sais que cet homme de 91 ans vit encore dans son village natal, je devrais au moins le contacter, lui dire quelques bons mots et lui pardonner.
Avant de m’envoler, je vais prendre le temps de recopier au propre toutes mes meilleures recettes de gâteau : le sachertorte, le citron-pavot, le Reine Elisabeth et le fameux double chocolat bourré de noisettes! De nos jours, les noisettes sont rares et coûteuses, mais heureusement, j’en trouve des fraîches chaque samedi de l’été au marché de Val-David, dans les Laurentides. J’en profite pour faire le plein; deux gros pots Mason que je conserve à la noirceur dans l’armoire du haut. Cet été, j’ai d’ailleurs l’intention d’amener mes deux arrière-petits garnements à Saint-Ambroise-de-Kildare pour qu'ils puissent eux-mêmes cueillir des noisettes et de les regarder se bourrer la fraise.
Avant de m’envoler, j’aimerais encore dessiner. Oui, oui! La femme d’affaires que j’étais jadis transportait toujours son assortiment de crayons noirs bien aiguisés et un coffret de 48 couleurs. Étrangement, j’aimais surtout dessiner des poissons, des hiboux et quelquefois des visages. Assise à ma table de cuisine, je contemple un magnifique hibou crayonné par mes mains il y a plusieurs années déjà. Peut-être devrais-je songer à recommencer.
Avant de m’envoler, il faudrait sans doute que je désembourbe mes garde-robes, mais à force de vivre en bonne santé, je badine, je rigole, je conserve tous ces vêtements colorés auxquels je suis très attachée. Chaque matin, j’enfile du rose ou du jaune, un petit peu de bleu sur mes yeux et du mauve grâce à mes nouvelles barniques.
Avant de m’envoler, je souhaiterais prendre mon temps pour faire mes adieux aux merveilleux paysages que j’ai tant aimés. À ma splendide Gaspésie, à mon village natal, aux falaises rouges escarpées, aux baleines du bas du fleuve et aux milliers de goélands avec lesquels, jeunette, je conversais. Encore une fois, j’insisterais pour revoir le Rocher Percé, le traverser à marée basse, le toucher, le caresser probablement pour une dernière fois.
Avant de m’envoler, traverserais-je encore quelques océans? J’ai visité la France, l’Italie, le Danemark, la Suède et la Norvège et j’ai habité la terrible Grèce d’où venait l’époux. J’ai aussi marché deux grosses heures sur la grande muraille de Chine et, trois ans plus tard, j’admirais les cerisiers en fleurs et le plus vieux village du Japon. Ayant tant de fois bourlingué à travers notre grand Canada pour y planter plus d’une centaine de restaurants, encore et toujours, je me réjouirais d’inaugurer chaque nouveau resto!
Avant de m’envoler, je voudrais tellement tomber en amour pour vrai. Trouver l’homme de mes rêves, celui qui nous construirait une petite île dans nos têtes; là où nos âmes sœurs se rencontreraient gaiement.
Avant de m’envoler, j’implorerais les anges pour que mes parents me reconnaissent et m’accueillent à la grande porte du ciel. Je leur confesserais mes péchés, mes bévues, mes torts, mes remords et, je l’espère, on me laisserait entrer au paradis.
Généralement, lorsque j’écris assise à ma table de cuisine, je ne réponds pas au téléphone. Mais ce jour-là, ce 24 mars 2025, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai répondu. C’était ma bonne amie des Hautes-Laurentides qui m’informait que son époux adoré venait tout juste de mourir d’un affreux cancer qu’il combattait depuis presque dix mois. Je ferme immédiatement l’iPad et je pleure à gros bouillons. La mort, cette affreuse faucheuse, nous guette jour et nuit.
Cora
❤️
Ce matin, je ravive pour vous un autre souvenir de mon enfance. Mon père avait profité du long week-end de l’Action de grâce pour contenter frérot qui voulait voir un ours, « un vrai », avant que la neige ne se mette à blanchir le décor. Papa a demandé à notre oncle Gaston si nous ne pourrions pas emprunter son « shack », en plein cœur de la forêt, pour nous rapprocher de la nature. Et des vrais ours.
La valise familiale débordait de lainages de toutes sortes, de jaquettes en grosse flanelle, de doublures en feutre pour les bottes et chaque marmot portait son parka boutonné jusqu’au cou. Nous étions entassés dans la bagnole et nous avions hâte d’arriver. Puisque le « shack » n’avait ni eau courante ni électricité, maman avait préparé et placé les victuailles dans une glacière et une grosse boîte à lunch en métal pour éviter de répandre trop d’odeurs de nourriture autour du camp.
Papa immobilisa enfin la voiture, maman décolla la toute petite de son sein et frérot sortit en vitesse. À peine arrivés, il fallait d’abord explorer les lieux, une mission que frérot lui croyait destinée. « Attends ton père avant de rentrer là-dedans! », avertit maman. Les deux hommes entrèrent pour faire le tour et s’assurer que c’était sécuritaire pour notre famille. En mettant le pied dans la baraque, nous avons rapidement constaté que le « shack » consistait en une seule grande pièce avec un poêle à bois rafistolé, probablement par oncle Gaston, dont le tuyau, agrippé au plafond, sortait par un trou percé dans le mur au-dessus de l’unique porte, et un pot en tôle avec un couvercle pour les besoins trônant dans un coin. Dans le coin opposé, on trouvait un seul lit double dans lequel seraient cordés les trois enfants au centre, flanqués d’un parent de chaque côté pour éviter qu’un de nous tombe sur le sol durant la nuit. Le bébé dormirait dans un moïse prêté par la voisine, attaché à une chaise et placé près de l’oreiller de maman.
Sœurette avait la tête enfouie sous un oreiller et moi, à quatre pattes sur le plancher, je bougeais désespérément le berceau pour essayer d’endormir la toute petite qui braillait à s’en arracher les poumons.
À mesure que la noirceur gagnait du terrain dans la cabane, maman accélérait le pas. Marchant de long en large, elle tempêtait contre notre père. Comment avait-il osé sortir sans la prévenir? Pourquoi avait-il entraîné son seul garçon dans la nuit qui s’installait sans crier gare?
— « Il voulait inspecter les lieux », que je lui répondis calmement, même si la question ne m’était pas réellement adressée. « Il voulait être prêt pour demain matin ». Mes mots ne suffirent pas à la rassurer. Maman fixait le fusil dans son étui, accoté au mur. « S’il fallait qu’il en ait besoin! », murmura-t-elle, inquiète.
Papa et frérot ne revenaient pas. La nuit s’annonçait infernale! Quand les pleurs de la plus jeune finirent enfin par s’apaiser, c’est le grognement d’un ours qui capta l’attention de nos oreilles pourtant assez éprouvées. Apeurées, nous entendions clairement le bruit des griffes contre la porte d’entrée. Maman avait pourtant ramassé jusqu’à la dernière miette du pain ayant servi aux grosses beurrées à la mélasse que nous avions dévorées avant d’enfiler nos jaquettes. Terrifiée, elle poussa la table contre la porte. Elle grimpa sur une chaise et recouvrit la seule fenêtre du campement avec son manteau, puis ordonna à ses deux fillettes de la rejoindre dans le lit.
Elle voulait prier, me dit-elle; mais sa gorge restait nouée. Au lieu de réciter des mots, elle avalait de longues gorgées d’angoisse. Ses paupières papillonnaient d’effroi. Ses mains, facilement la proie de l’eczéma, devinrent toutes rouges.
Je devais être âgée d’environ 6 ans et je savais écrire des mots. Dans ma naïveté enfantine, j’ai pensé à en écrire partout sur les murs avant d’être dévorée par l’animal qui rôdait autour du « shack ». Agenouillée devant le lit, maman ne parlait plus, mais avec ses bras et ses mains, elle insistait pour que nous restions collées à elle. Je suis demeurée dans les bras de ma mère un si long moment que je me suis crue au paradis, même si la peur que nous vivions était infernale. La chaleur de son corps avait réussi à nous calmer et sans que nous nous en rendions compte, le sommeil s’est étendu dans le lit tel un édredon de rêves. Peut-être nous guiderait-il vers une clairière de bleuets sauvages? Ou sur la grève chaude de la Baie-des-Chaleurs? Ou sinon chez tante Hope, qui habitait à Saint-Alphonse et qui nous laissait caresser ses gentils moutons?
À l’aube, c’est papa en personne qui réveilla notre campement. Frérot croulant de fatigue, mais encore rempli d’excitation, insistait pour nous raconter leur nuit dans un arbre! Haute comme trois pommes, sœurette l’applaudissait comme on le fait pour un héros. Elle aussi, voulait voir un ours!
Notre séjour a été écourté. Très peu de mots ont été échangés, mais comme toutes le filles du clan avaient vécu la frousse de leur vie, les deux gars ne se sont pas objectés. Le lendemain de notre retour, comme tous les dimanches après-midi, papa reprendrait la route avec sa valise de commis voyageur et ses échantillons de petits savons. Heureusement pour leur union, il quittait chaque dimanche en tournée autour de la grosse pointe gaspésienne pour rentrer le vendredi soir. La distance sauvait nos parents, comme le mur de Berlin érigé entre deux partis séparés. Les silences de maman, plus difficiles à vivre que des représailles, s’avéraient la pire des tortures pour papa. Les mains de maman se couvraient alors d’eczéma qui la faisait souffrir et papa avait le cœur qui baignait dans une saumure aigre. Nous, les enfants, ignorions tout de la vie, de leurs vies, de l’amour et du réconfort que procure habituellement la famille. Leurs larmes, versées en silence et à l’abri de nos regards, sauf quand nous arrivions par surprise, emplissaient notre maisonnée de tristesse. Le plus douloureux, c’était leur silence; comme un garde-fou qui doit essayer de nous éviter le pire.
C’est seulement beaucoup plus tard, à la suite de leurs décès arrivés à court intervalle en 1982, que j’appris la raison derrière la lourdeur de leurs chagrins. Maman, en tant que fille, était amoureuse d’un jeune protestant anglophone. Mais, puisque sa famille et le curé du village lui avaient interdit de l’épouser, elle dut rompre avec l’amour de sa vie. Mon grand-père avait neuf filles à marier. Quand il rencontra celui qui allait devenir mon père, il trouva que c’était un bon parti, propre de sa personne, bien habillé, travaillant et surtout épris de sa fille, celle qui avait déjà le cœur brisé. Sous l’insistance paternelle, ma mère épousa mon père. Elle vécut triste et mélancolique la majorité de sa vie après son union. Très tôt après le mariage, elle développa une forme sévère d’eczéma qui lui rongea les mains. Mon père, quant à lui, se révéla être le meilleur des hommes, courageux, responsable et tellement épris de sa femme qui restait de glace que les vieux du village se moquaient de lui.
Je conclus cette triste histoire en vous avouant que je n’ai pas fait mieux qu’eux dans les eaux matrimoniales. Divorcée endurcie, je cherche encore le baume capable d’apaiser mes blessures. Moi aussi, mariée obligée, j’ai assombri la vie de mes jeunes enfants en demeurant dans un mariage sans amour ni affection. Mais j’ai espoir. J’ai beaucoup d’espoir pour mes petits-enfants qui sauront, j’en suis certaine, se libérer des malheurs de leurs ancêtres et construire librement leur propre bonheur.
Cora
❤️
Le temps de quelques lignes, je vais me blottir dans le passé, dans un précieux souvenir d’un après-midi au parc avec Paul. J’avais vingt-sept ans et, depuis sept ans, j’étais l’épouse d’un mari horrible. Paul complétait son doctorat en génie aérospatial. Nous nous étions croisés par hasard dans une bibliothèque de Montréal où j’allais parfois lire loin des regards indiscrets de ma belle-famille. Je lisais en cachette du mari qui m’interdisait de lire et d’écrire. Dans sa tête, calcinée de prétentions et durement forgée par ses succès militaires, il vivait en retard de quelques siècles sur la civilisation. Il ignorait le respect, la bienveillance et l’amour véritable. Je me cachais pour tenter de survivre un tantinet normalement.
Lorsque j’ai vu Paul s’approcher de ma table, mon cœur s’est tout de suite mis à trembloter. Avant cet instant, notre dernière rencontre autour d’un immense feu de joie remontait à l’adolescence. Paul n’était pas un ami proche, mais plutôt mon partenaire de tennis occasionnel dans la ville où nous habitions. J’étais trop jeune et trop naïve pour réaliser ce que signifiait l’étrange courant électrique qui nous ébranlait lorsque nous ramassions ensemble une balle ou que nous nous serrions la main en imitant les pros, à la fin d’un match. J’avais peut-être quinze ou seize ans, j’étais ignorante et troublée lorsque je sentais les yeux de ce jeune homme de bonne famille sur moi. Tout ce dont je me souvenais de Paul en plongeant mes yeux dans les siens, une décennie plus tard, c’était ce fameux feu organisé par la municipalité à la fin de l’été. Il ne me restait qu’une brève souvenance de son regard rivé sur moi au travers des flammes ardentes. Nous étions assis autour du feu, un en face de l’autre. Quelque chose en moi brûlait comme la bûche dans la flamme. Était-ce ma tête ou mon cœur? Durant toutes ces années qui ont suivi, j’ai voulu ressentir à nouveau, ne serait-ce qu’une seconde, la chaleur de ce feu. Assise à la table de la bibliothèque, mes mains peinaient à tenir mon livre.
Paul m’avait-il reconnue? Il a soudainement reculé sa chaise, s’est levé et s’est tourné vers moi. De sa bouche est sorti un sublime « Tu es encore plus belle qu’autrefois! » J’ai cru m’évanouir; mes jambes s’enlisant dans des sables mouvants et mon cœur sortant de ma poitrine en courant. Il faut comprendre qu’à ce moment de ma vie, c’est une femme complètement démolie, inapte à répondre à cette immense douceur qui se tenait devant lui. Mes lèvres tremblaient, incapables de prononcer un seul mot. « Ça te dirait de prendre une marche au parc La Fontaine? », me demanda Paul. En bafouillant, je l’ai suivi. Pour traverser la rue, il a candidement pris mon bras et il me semble avoir eu l’impression qu’un courant électrique transperçait nos corps, comme dans le temps. Il devait l’avoir ressenti lui aussi, car en foulant l’herbe du gazon, il s’est empressé de me dire qu’il était fiancé, avec une actrice, par-dessus le marché.
Paul était désormais un homme et une personne splendide. Aussi beau que mon docteur Jivago! La tête haute, je le suivais vers le lac, mes yeux faisant de leur mieux pour refouler un océan de chagrin. Ma vie de couple me tuait à petit feu. J’étais prisonnière de l’affreux mari et de mes enfants chéris qui n’avaient que moi à aimer. Mes bébés me nourrissant de petites cuillerées d’amour enfantin. Leurs sourires me gardaient en vie.
Nous nous sommes assis sur un grand banc de parc, à une certaine distance l’un de l’autre. Paul m’a consolée sans le savoir en me disant qu’il m’avait cherchée pendant longtemps. Il ne savait aucunement que j’avais moi aussi fait de grandes études. Il ignorait que j’avais dû épouser le père d’un premier enfant arrivé inopinément et que j’avais donné naissance à deux autres enfants après le mariage.
Comme s’il sentait ma peine, Paul prit ma main. Il me redit à quel point il me trouvait jolie, et comment son cœur de jeune homme faiblissait lorsqu’il avait une pensée pour moi pendant toutes ces années. Même s’il m’avait vite fait part de ses fiançailles, il eut la délicatesse d’éviter de me parler de sa dulcinée. J’ai simplement appris qu’ils allaient déménager aux États-Unis pour de meilleures possibilités d’avancement. Tout allait bien pour lui et je devais m’en réjouir.
J’allais bientôt devoir partir pour aller chercher les enfants à l’école. Paul a voulu que je lui laisse mon adresse, mais j’ai refusé. Dans l’autobus qui me conduisait vers l’école des petits, j’avais le cœur brave. J’ai compris que Paul m’aimait; ne fut-ce qu’un seul après-midi d’été. Il s’était intéressé à moi, dans le passé comme dans le présent. Contrairement à ce que me réservait le mari, Paul m’avait complimentée; avouant qu’il me trouvait encore plus belle que l’innocente jeune fille de jadis.
Cora
❤️
Franchises Cora Inc., chef de file des déjeuners au Canada, annonce avec fierté que la bannière comptera deux nouveaux restaurants dans l’Ouest canadien. Cette fois-ci, ce sont les villes de Medicine Hat en Alberta et de Brandon au Manitoba qui font rayonner le soleil Cora.
En juillet dernier, le restaurant de Medicine Hat a été inauguré. Il s’agit du vingtième restaurant à voir le jour dans la province de l’Alberta.
D’autre part, le restaurant de Brandon, quatrième établissement Cora au Manitoba, a ouvert ses portes en novembre dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec plus de 125 franchises, les restaurants Cora continuent d’offrir un menu diversifié de déjeuners et dîners colorés et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
Les restaurants Cora sont fiers d’annoncer que la marque devient désormais un partenaire de choix de la compagnie aérienne WestJet. En effet, le transporteur canadien offre dorénavant le déjeuner Cora dans sa cabine Privilège à bord de ses vols matinaux. Il s’agit d’une délectable marque de confiance à l’égard notre entreprise, la pionnière des restaurants de déjeuners au Canada!
WestJet propose, depuis le 26 juin, un déjeuner Cora sur la plupart de ses vols d’une durée de deux heures et demie et plus. Les plats offerts sont inspirés des repas déjà prisés des mordus des déjeuners Cora : les oeufs Ben et Dictine à la dinde fumée, la Cassolette de légumes et l’Omelette au cheddar vieilli et aux épinards avec saucisse à la dinde.
Il s’agit d’une savoureuse opportunité pour Cora déjeuners d’accroître sa notoriété et de faire découvrir son menu auprès d’un public voyageur en donnant aux passagers de WestJet la chance de savourer un déjeuner Cora dans la cabine Privilège du transporteur.
Bon voyage!
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer qu'un autre soleil s'ajoute à sa bannière dans l'Ouest Canadien. Cette fois, c'est la ville de North Vancouver qui a vu le soleil se lever.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors de la Grande ouverture. C'est lors de cette célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Cette nouvelle franchise fait partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 10e restaurant Cora en Colombie-Britannique pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec plus de 130 franchises en fonction, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
L’année 2019 en est une de développement pour Franchises Cora inc., le chef de file canadien des déjeuners. L’entreprise fait rayonner son soleil symbolique dans les plus grandes villes au pays!
Deux autres restaurants ont ouvert leurs portes en mars. Comme dans bien des cas chez Cora, il s’agit d’une aventure familiale. Ainsi, le restaurant du quartier St. Vital, à Winnipeg, est géré par un couple de franchisés qui est tombé sous le charme des restaurants Cora, de leurs menus colorés et de tous les plats joliment agrémentés de fruits.
La plus récente ouverture est celle du second restaurant situé à Regina. Le franchisé a d’abord ouvert un premier Cora en novembre 2018. Fort de cette aventure, il s’est lancé dans le développement de son deuxième restaurant et a ouvert les portes de celui-ci le 18 mars dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec 130 restaurants en activité, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners et poursuit sa mission d’offrir une nourriture et un service de qualité dans une chaleureuse atmosphère familiale.