Ces jours-ci, lorsque je rougis mes lèvres devant le miroir, il m’arrive de voir apparaître sur le haut de mon front des petites cornes de diable. Oui, oui, vous avez bien lu! De temps à autre, une vilaine jalousie s’empare de ma caboche. Pourtant, sauf pour les grandes héroïnes de l’histoire, je n’ai jamais envié quiconque. Ni Céline Dion, connue mondialement, ni la célèbre Coco Chanel, ni même mon idole, la grande romancière canadienne Margaret Atwood (82 ans).
La vérité, c’est que j’admire toutes les femmes braves et courageuses. Or, voilà que pendant cette vilaine pandémie, j’ai tout fait pour continuer à vivre normalement. J’ai réfléchi à outrance à ma situation de récente retraitée; j’ai béni ma passion pour l’écriture et j’ai lu matin, midi et soir des livres sérieux pour apprendre, de bons romans pour me divertir, et les très grands auteurs pour améliorer mon style d’écriture.
Tout allait bien jusqu’à ce qu’une montgolfière géante envahisse ma maison. Oui, oui, j’ai presque arrêté de respirer tellement un gros ballon de jalousie s’est emparé de mon espace vital. « Une plausible jalousie », me direz-vous? Mais apprendre à quelques semaines d’intervalle que quatre déesses, dans mes âges, ont récemment trouvé l’amour; c’en est trop! Pas deux, pas trois, mais quatre femmes quasi aussi mûres que moi. C’est une trop grosse bouchée à avaler. Moi qui suis célibataire depuis plus de quarante ans, comment puis-je retenir mon désarroi? Ne puis-je mériter, moi aussi, un agent 007, un Bradley Cooper ou même un beau vieillard ressemblant à Sean Connery?
La première chanceuse à m’apprendre la bonne nouvelle fut mon ancienne copine de collège; du temps de nos premiers balbutiements devant la gent masculine. Mireille était assurément plus éduquée que moi sur les choses de la vie, car chez nous, maman pensait que l’école allait faire de nous des jeunes filles modèles. Ainsi donc, j’ai peu appris sur l’amour et les parades de jars fringants; et pas plus sur la valse et le tango. Bref, tout comme moi, Mireille a épousé un étranger. Et nous nous sommes perdues de vue dans nos communautés respectives pendant toutes ces années passées à jouer à la maman. J’ai divorcé à 33 ans et je l’ai vue encore moins souvent, enrôlée dans la course à la survie. Puis ce furent les affaires, quelques voyages et son tragique appel m’apprenant, en 2016, la mort de son époux. J’étais à Tokyo pour encore 18 jours et je n’ai pu la consoler. Veuve encore amoureuse de la vie, Mireille a rencontré le plus merveilleux des hommes quelque deux ans après la mort de son époux. Veuf lui aussi, ils ont tout de suite sympathisé. Je les ai rencontrés il y a quelques mois et j’ai été éblouie du bonheur de ces deux tourtereaux, visible à l’œil nu. Tellement d’amour et de baisers à la sauvette enrubannaient leurs deux présences que j’ai senti un petit bond sur ma tête. Comme si mes petites cornes avaient rallongé de quelques millimètres, juste à contempler ce couple d’amoureux.
« La tendresse, insista Mireille. Mon grand David incarne la tendresse. »
- Anges bénis, dites-moi vite si la tendresse se détecte à l’œil nu et comment faire pour qu’elle accoste dans mon cœur?
Puis ce fut Lilianne. Celle que j’ai le moins fréquentée à cause de son travail à travers le Canada. Divorcée, elle est extrêmement jolie, coquette et audacieuse. Et pourtant, c’est sa grande fille qui a trouvé un amoureux pour sa mère : un voisin bien peiné d’avoir perdu son épouse cancéreuse. Elle les a présentés l’un à l’autre et le coup de foudre s’est occupé du reste. Moi aussi j’ai une grande fille. Peut-être me trouve-t-elle trop vieille pour être présentée à un prince charmant? Et par surcroît, le nouvel amoureux est une dizaine d’années plus jeune que notre Lilianne. Je suis certaine que c’est son sourire qui l’a séduit. Nous avons mangé ensemble à Bromont, et je les ai trouvés magnifiques. Pendant que lui, attentif et souriant, tournait les burgers sur le BBQ, elle, coquine et espiègle, distribuait les garnitures avec choix de relish, ketchup et moutarde épicée. J’étais estomaquée de bonheur. Surprise qu’un couple récemment reconstitué puisse être à ce point éblouissant d’amour. Ce jour-là, mes petites cornes ont drôlement allongé.
Arriva ensuite le tour de Carole; celle qui travaille encore comme une forcenée. Elle est agente immobilière. Célibataire cherchant l’homme idéal depuis très longtemps, Carole ne s’est jamais résignée et elle a eu raison! Il y a un mois, elle m’a invitée au resto asiatique du village pour m’apprendre la nouvelle. Son cari aux crevettes refroidissait sur la table pendant qu’elle-même s’enflammait juste à me décrire le nouvel homme de sa vie. Au dessert, je l’ai vu en photo et j’ai cru faiblir. Un beau brun aux yeux bruns; ancien professeur, libre comme l’air, attentionné et très habile en rénovation de maison. « Et justement, d’ajouter la belle Carole, ma demeure elle aussi a besoin de tendresse. » Wow! Mes petites cornes poussent trop vite. Serais-je donc la seule esseulée au monde? Mais comment pourrais-je afficher ma binette sur les médias sociaux pour vanter autre chose qu’un bon déjeuner? C’est pourtant ainsi que Carole a trouvé l’élu de son cœur. J’ai honte! On voit certainement les petites cornes dépasser de ma chevelure.
À peine une semaine plus tard, Cupidon atteignit Sophie, une magnifique femme beaucoup plus jeune que moi et prof de yoga. Nous nous sommes rencontrées chez une amie commune et avons tout de suite fraternisé; assez pour qu’elle me confie avoir récemment « trouvé chaussure à son pied » sur les réseaux sociaux. Seigneur, je désespère! Elle aussi a trouvé un bel amoureux.
Elle a pris son temps, m’avoua-t-elle, examinant plusieurs profils intéressants. Elle a aussi partagé avec moi son horreur des listes à rédiger pour trouver le bon candidat.
« Après tout, ma chère Cora, il ne s’agit pas d’une liste d’épicerie ».
Moi qui pensais que oui. Il faut quand même savoir quoi mettre dans le panier pour pouvoir apprêter un bon repas.
Et cette chère Sophie, spirituelle et profonde, de me dire que la seule chose qu’il y a à faire c’est de « s’interroger soi-même, sur ce que l’on veut vivre avec un nouveau compagnon ». Elle a elle-même posé la question à certains candidats du réseau et celui qui a répondu « JE VEUX VIVRE LA BIENVEILLANCE » est celui qu’elle a choisi et qui s’est avéré pour elle un compagnon magnifique, « une véritable âme sœur », a-t-elle renchéri.
Je ne veux plus être jalouse de qui que ce soit. Je veux juste pratiquer ma bienveillance. Être compréhensive envers autrui, indulgente, gentille, douce et attentionnée. Je veux vraiment m’ouvrir au bonheur. M’accepter telle que je suis, avec mes forces et mes faiblesses. Être capable d’exprimer mes besoins et d’être à l’écoute des besoins des autres.
Je veux vivre encore longtemps avec amour, courage et détermination. Et peut-être qu’un jour, la BIENVEILLANCE elle-même me prendra sous son aile. « Demandez et vous recevrez », répètent les sages depuis des milliers d’années.
Cora
❤
P.-S. – Bien entendu, tous les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des chanceuses.
Cher Soleil,
Je me suis souvenu l’autre jour des vagues propos de ma mère faisant allusion au fait que j’étais arrivée ici-bas un jour d’immense soleil.
— « Un soleil éblouissant flanqué en plein milieu du ciel, le plus beau de tout le mois de mai », avait raconté maman.
Ce jour-là, du 27 mai, alors qu’elle arpentait son jardin avec son beau ventre tout rebondi, elle fut obligée de s’accrocher à sa vieille bêche pour absorber le signal brutal lui annonçant que j’allais enfin sortir de son ventre.
— « Je me souviens, dit maman, lorsque tu cognais pour sortir, j’ai levé la tête vers le ciel pour prier et c’est un soleil aveuglant qui me dévisageait. »
J’ai moi-même vérifié dans l’Almanach Beauchemin de 1947. Ce matin-là, cher Soleil, tu t’es levé à 4 h 18 et tu m’as attendu douze longues heures; le temps nécessaire à te rapprocher de la Terre et à te pencher vers la grande fenêtre du premier étage de notre maison. Avoue! Cher Soleil, tu nous as vues entre les rideaux. Maman qui m’expulsait en hurlant et la voisine qui l’aidait en me tirant la tête à deux mains. T’en souviens-tu? Ayant tout oublié en sortant du ventre de ma mère, j’ai lancé un cri d’effroi en affrontant ce nouveau monde. M’as-tu entendue? J’ai pleuré durant de longues minutes jusqu’à ce que la femme aux mains rouges plonge mon corps dans une grande bassine d’eau tiède. Elle m’a lavée, m’a ensuite séchée et enveloppée de plusieurs épaisseurs de tissus rugueux. Elle pensait certainement que ton immense chaleur n’allait rien faire pour me réchauffer.
Je me suis pourtant assoupie et j’ai dormi quelque temps jusqu’à ce qu’une tétine de chair rose et chaude s’introduise entre mes lèvres. J’ai tété avec avidité parce que mon corps ressentait un urgent besoin de se reconnecter aux odeurs familières de ma génitrice. « Tu as bu sans arrêt, racontait ma mère, tellement que j'ai dû calmer frérot et lui expliquer que tu n'allais pas me vider de tout mon sang. »
Ce mardi-là, cher Soleil, tu t’es couché à 19 h 35. Tu commençais juste à prolonger ta présence jusqu’après le souper en t’amusant à colorer de tes chauds rayons la trentaine de petits villages répandus tels des grains de chapelet autour de la péninsule gaspésienne.
Souviens-toi, cher Soleil. Quarante années plus tard, j’étais moi aussi présente à ta naissance. C’était en octobre 1987, lorsque je t’ai tracé pour la première fois sur une petite carte blanche. Voulant me faire plaisir, un client régulier insistait pour m’imprimer gratuitement des cartes d'affaires. Lorsque tu es sorti tout de go d’entre mes doigts, joufflu, épanoui et rayonnant, j’ai tout de suite cru au miracle. Comme si une divine main avait elle-même façonné ta belle tête jaune et brillante, tes paupières complices et ton immense sourire de contentement. À coup sûr, les anges et toi saviez ce qui allait nous arriver. Vous saviez que tu deviendrais une grande marque de commerce et que moi, ton humble maman, j’allais te servir jusqu’à épuisement de mes capacités.
Avec le temps, cher Soleil, j’ai appris que la plupart des miracles se succèdent devant nos yeux et nous ne les voyons pas. Nous attribuons leurs bienfaits au coup de génie, à la chance, au mérite ou à une quelconque récompense d’avoir autant œuvré. Comme je l’expliquais à mon petit-fils Zacharie (25 ans) l’autre jour, j’ai toujours cru aux forces de l’Univers capables de tout faire apparaître pour nous soutenir; tellement que je n’ai jamais perdu espoir. Toi, cher Soleil, tu m’as certainement entendu leur parler des centaines de fois depuis tant d’années. Je m’adressais à la petite voix à l’intérieur de moi; celle qui s’amplifiait à mesure que l’entreprise grossissait. Va savoir pourquoi! On dirait que plus je lui parlais, plus elle devenait importante dans mes réflexions. Plus j’avais confiance en elle, plus elle prenait de la place dans ma tête et dans mon cœur.
J’ai même baptisé cette voix du beau nom de Providence. Car, pour une femme comme moi qui gagne sa vie en vendant de la nourriture, ce beau mot signifiait « Densité inépuisable de “provisions” ». Avec Providence comme alliée, j’étais convaincue de ne manquer de rien. Et parce que j’y croyais fermement, je finissais toujours par atteindre mes buts. La vérité, c’est que je n’ai manqué de rien pendant toutes ces années de travail acharné.
Aujourd’hui arrivée aux trois quarts de mon âge, je suis encore éblouie des multiples miracles qui se réveillent avec moi chaque matin. Des yeux qui peuvent encore tout lire et admirer chaque détail de Dame nature. Une ossature forte, droite et solide. Une santé à toute épreuve. Une créativité d’abeille travaillante et un appétit de vivre quasi démesuré.
Maman avait bien choisi son jour. Car, ici-bas, le Soleil et moi avons développé un attachement impossible à dénouer. Et je suis certaine que, le moment venu, c’est emmaillotée dans sa douce chaleur que je m’envolerai vers le paradis!
Oui, oui, je suis née un 27 mai de Soleil éblouissant en 1947.
Cora
❤
Je ne me souviens plus, était-ce en deuxième ou en troisième année que j’ai découvert les crayons de couleur? Oui, oui, cela vous semble inusité aujourd’hui, mais en 1954, les beaux crayons de couleur de marque Laurentien étaient quelque chose de très précieux.
« De précieux et de dispendieux », avait déclaré maman en lisant la liste des effets scolaires à se procurer. Elle avait choisi pour moi la petite boîte de six crayons : rouge, bleu, vert, jaune, orange et violet. J’étais complètement éblouie malgré le fait que j’avais insisté pour obtenir la boîte de douze couleurs.
Maman gouvernait l’économie familiale et chaque cent noir était important. Surtout qu’elle allait aussi devoir m’acheter un paquet de grandes feuilles blanches pour apprendre à dessiner. Juste à voir sa figure rembrunie, je savais qu’elle agirait à contrecœur. J’ai pourtant appris. À force de dessiner le ciel et la mer, le crayon bleu s’est usé en un rien de temps. Je m’en souviens encore. J’ai eu la larme à l’œil jusqu’à ce que papa revienne de voyage et me promette de me rapporter une boîte de douze crayons, juste pour moi.
Je dessinais mes arbres préférés, des sapins avec des branches bien épaisses et aussi, quelques fois, une belle étoile jaune scintillante sur le faîte. Le crayon orange ne servait presque jamais puisqu’à cette époque les oranges étaient des denrées rares en Gaspésie. Une fois pourtant, j’ai dessiné maman avec une robe orange et un petit bandeau de tête assorti. Elle avait une très belle figure, mais jamais, à ses dires, elle ne porterait une robe aussi criarde.
Aujourd’hui, en émule d’Iris Apfel, l’orange est une de mes couleurs préférées avec le jaune, le rose, le mauve et le vert lime. Oui, oui, j’ose la couleur car elle me garde vivante. D’ailleurs, je raffole des lunettes et j’en ai de presque toutes les couleurs à force de faire les marchés aux puces pour trouver des montures rétro. Vous trouveriez sans doute que ma garde-robe ressemble surtout à une grosse boîte de crayons Laurentien 24 couleurs.
Je dessine depuis toujours; sur les feuilles scolaires, sur l’endos des feuilles de calendrier, sur des calepins bien conservés, dans la marge de mes agendas et plus tard sur les murs de nos restaurants. Parce que nous n’avions pas de budget pour décorer nos murs, j’illustrais et coloriais les noms des plats du menu. Et je placardais une dizaine d’affiches ici et là dans le resto. À chaque nouvelle ouverture, j’ai dessiné encore et encore pendant presque dix ans jusqu’à ce que nous ayons les moyens de reproduire professionnellement mes propres dessins à placarder sur les murs des restaurants.
Pendant très longtemps, j’ai dessiné à la main nos menus avec plusieurs petites illustrations qui, à la longue, ont créé un style de communication très particulier. J’ai aussi conçu moi-même des caractères de minuscules et de majuscules qui sont devenus notre propre police de caractères. Nous l’utilisons d’ailleurs encore aujourd’hui dans toutes nos communications marketing. Programmée dans les ordinateurs de nos graphistes il y a quelque 15 ans, la typographie CORA est distinctive et très représentative du style original de tout notre concept.
Je suis particulièrement heureuse et très fière de cet accomplissement. Non seulement, j’ai eu le bonheur de dessiner moi-même notre logo SOLEIL, tous nos menus et la plupart de nos illustrations décoratives, j’ai surtout la grande satisfaction de savoir que les petites boîtes de crayons de couleur de mon enfance ont porté fruit.
Encore une fois, je réalise que toute l’édification du concept CORA a pris naissance dans mon enfance. L’importance extrême que j’ai accordée à la typographie de l’alphabet, le continuel désir d’apprendre, l’amour de la lecture et ma grande curiosité ont été les jalons les plus importants de ma réussite.
Je me souviens de toutes ces années de jadis pendant lesquelles j’arrosais la moindre graine d’idée. Je surveillais chaque détail, chaque couleur appétissante, chaque assiette bien garnie. Tout nouveau frisson titillait ma curiosité et j’y donnais mon entière attention. Même si, à chaque nouvelle éclosion d’idée, je devais affronter le doute, l’incertitude et même l’impossible, j’avais cette bienheureuse manie de TOUJOURS VOULOIR TRANSFORMER L’ORDINAIRE EN EXTRAORDINAIRE.
Tellement souvent j’ai pensé que c’était une gentille fée qui me chuchotait mes meilleures trouvailles et qu’un ange bienveillant m’aidait à réussir. Et c’est ainsi que pendant que je peinais à désherber mon propre jardin, un concept exceptionnel de restauration matinale émergea du pur néant.
Cora
❤
MAMAN,
8, chemin du Paradis
Là-haut dans le ciel
Très chère maman, tu dois être surprise de recevoir enfin un signe de vie de ma part. Depuis ta mort accidentelle en 1982, je t'ai écrit une seule fois, mais j’ai déchiré la lettre. Aujourd'hui, devenue beaucoup plus vieille que toi et encore vivante, j'apprends enfin à emballer tout mon amour et à être capable de te l'expédier là-haut dans ton Paradis.
Maman, je me souviens très clairement du jour où j'ai dû identifier ton corps à la morgue. Je me souviens surtout de ton crâne fracassé et sanglant comme l'avaient été tes mains toute ta vie durant. Je n'ai pas pleuré ce jour-là parce que mon propre cœur était lui aussi brisé en mille miettes. M'éloignant du marbre glacial, j'ai juste essayé d'oublier ta triste vie.
Papa était mort l'année d'avant et tu avais décidé d'amener mes enfants en Gaspésie aussitôt que les vacances arriveraient. Travaillant comme une folle à cette époque, ça m'arrangeait que mes petits puissent enfin voir la mer et les jolies truites cachées dans ses ruisseaux. Tu t'en souviens, maman? Tu venais juste de dépasser l'affiche de ton village lorsque ta petite Austin Marina a frappé en plein front un gros camion transportant des moutons à l'abattoir. J'ai tellement eu peur maman lorsque j'ai reçu l'appel. Même si on m'avait dit que mes enfants étaient sains et saufs, des mois entiers, je les imaginais, comme les moutons en route vers la mort.
Très chère maman, je t'ai accusée trop longtemps pour mes propres difficultés à vivre. Je t'en voulais de ne pas nous avoir aimés comme il fallait, d'être toujours malade dans ta tête, si peu affectueuse et si peu encourageante face à nos aspirations. Je ne voulais pas te ressembler. Et pourtant, lorsqu'à tes funérailles j'ai appris de tante M que tu avais déjà le cœur brisé lorsque tu as épousé papa, j'ai réalisé que j'avais fait exactement la même chose que toi : marier un homme que je n'aimais pas parce que je portais sa semence.
Tante M m'a aussi dit que tu aimais la littérature, que tu avais des rêves d'écriture, des espoirs artistiques et des désirs de voir le monde et d'en apprendre davantage. Elle m'a avoué, la larme à l'œil, que tu avais dû renoncer à tout cela car, à cette époque, une jeune fille n'avait guère le choix.
Aujourd’hui, je te comprends maman. Et je ne peux plus t’en vouloir. Ta révolte passive s'est exprimée en faisant bien ton travail quotidien : la cuisine, le pain, les confitures, le ménage, le jardinage et la couture. Mais, je dois te le dire, ton manque d'amour nous a beaucoup perturbés, nous, tes enfants, tes filles surtout. Chère maman, nos misères s’achèvent maintenant parce que nous allons apprendre ensemble que le bonheur pousse de l'intérieur. Il est capable de ressurgir des pires malheurs, de se frayer un chemin jusqu’à notre cœur et d’exploser dans nos bras.
J'allonge ma missive, chère maman, parce que malgré tout, j'ai encore besoin que tu m'aimes; que tu me berces et que tu chantes pour m'endormir. Mais ne t'inquiète plus de moi. J'ai appris d'instinct ce que j'avais à faire. J'ai quitté l'époux malfaisant et, sept ans plus tard, en 1987, j'ai entrepris de construire une immense cuisine à l'intérieur de laquelle mes propres enfants et des centaines d'autres collègues ont été accueillis avec respect et affection. Ensemble ils ont découvert leur plein potentiel, la confiance en eux-mêmes et appris à réaliser de grandes choses.
Oui, maman, c'est probablement à cause de toi et parce que notre vie de famille a été difficile que je me retrouve dans ce métier de l'hospitalité à ouvrir les bras, à nourrir et à aimer tous ceux qui s'attablent chez nous.
Certains docteurs de l'âme diront peut-être que c'est l'idéalisation de mes propres désirs de petite fille qui est à l'origine de mon leadership. Peu importe, maman. Peu importe que j’aie voulu démontrer que, malgré le modèle boiteux, j’étais capable de faire mieux, d’être meilleure et pour plus longtemps.
J'ai dressé une grande table. J'ai rassemblé des centaines d'entrepreneurs autour d'une cause créatrice et rémunératrice. Je suis fière et satisfaite, d'avoir créé ici-bas un repas qui sera encore servi lorsque je t'aurai rejointe là-haut. Ne t'inquiète plus, maman, je suis riche puisque j'ai découvert que nourrir les autres avait réussi à assouvir la faim de mon pauvre cœur.
Aujourd'hui, chère maman, je pleure de joie en t'écrivant tellement je suis contente d'être née. Je te remercie d'avoir été ma mère, exactement comme tu as été parce que ça m'a permis de devenir qui je suis. Je te remercie de m'avoir transmis ton amour de l'écriture, de la littérature et de l'enseignement. Tu m'as aussi légué ton talent de couturière et avec lui le pouvoir magique de tout réussir avec mes mains. Tu m'as donné ta capacité d'organisation, ta forte carrure, ta chevelure abondante, ta résistance aux contrariétés, à la douleur et au manque d’amour. J'ai hérité de ta surprenante force physique, de ton sens aigu de l'économie et de ton extraordinaire capacité d'abnégation.
Je m'en souviens, maman, la première fois que je t'ai demandé une robe, tu m'as donné deux verges de tissus et un patron. Et c'est ainsi que j'ai appris à coudre tous les jolis habits de mes enfants, des robes pour moi, des nappes, des rideaux, et presque tous les gentils animaux rembourrés illustrés dans les gros livres de patrons Butterick ou McCall. Tout cela m'a servi, chère maman, et je suis tellement contente de t'avoir ressemblé. Je t'aime, je t'aime enfin maman, et c'est pour moi la plus sublime des émotions.
Il n'y a que l'amour d'important et je sais maintenant que le monde est rempli de mamans qui, comme moi, se souviennent aujourd'hui des douleurs libératrices de leur évolution. Je n'aurai plus peur car il n'y a que l'amour d'important. Et chaque fois qu'un être humain se trouve devant l'urgence d'un acte créatif, il avance à tâtons vers la connaissance de lui-même tel un nouveau-né déliant un à un ses talents à la lumière. Je te serai éternellement reconnaissante, très chère maman, de m'avoir conservée vivante et lucide jusqu'à ce que je puisse décortiquer et comprendre ta vie et la mienne.
De là-haut, tends-moi la main et attrape la mienne, maman chérie. Tiens-moi fort. Maintenant que nous nous sommes retrouvées, un mutuel attachement coule dans nos veines. Et aujourd'hui, pour te dire BONNE FÊTE, je n'aurai qu'à dessiner un immense CŒUR rose dans le bleu du ciel!
Ta fillette qui t'aime infiniment,
Cora
💓
Psst : À toutes les femmes de la terre qui ont, d’une façon ou d’une autre, élevé un enfant; à ma fille et à mes deux petites filles, je vous offre mon cœur bouillant d'amour.
Les restaurants Cora sont fiers d’annoncer que la marque devient désormais un partenaire de choix de la compagnie aérienne WestJet. En effet, le transporteur canadien offre dorénavant le déjeuner Cora dans sa cabine Privilège à bord de ses vols matinaux. Il s’agit d’une délectable marque de confiance à l’égard notre entreprise, la pionnière des restaurants de déjeuners au Canada!
WestJet propose, depuis le 26 juin, un déjeuner Cora sur la plupart de ses vols d’une durée de deux heures et demie et plus. Les plats offerts sont inspirés des repas déjà prisés des mordus des déjeuners Cora : les oeufs Ben et Dictine à la dinde fumée, la Cassolette de légumes et l’Omelette au cheddar vieilli et aux épinards avec saucisse à la dinde.
Il s’agit d’une savoureuse opportunité pour Cora déjeuners d’accroître sa notoriété et de faire découvrir son menu auprès d’un public voyageur en donnant aux passagers de WestJet la chance de savourer un déjeuner Cora dans la cabine Privilège du transporteur.
Bon voyage!
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer qu'un autre soleil s'ajoute à sa bannière dans l'Ouest Canadien. Cette fois, c'est la ville de North Vancouver qui a vu le soleil se lever.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors de la Grande ouverture. C'est lors de cette célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Cette nouvelle franchise fait partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 10e restaurant Cora en Colombie-Britannique pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec plus de 130 franchises en fonction, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
L’année 2019 en est une de développement pour Franchises Cora inc., le chef de file canadien des déjeuners. L’entreprise fait rayonner son soleil symbolique dans les plus grandes villes au pays!
Deux autres restaurants ont ouvert leurs portes en mars. Comme dans bien des cas chez Cora, il s’agit d’une aventure familiale. Ainsi, le restaurant du quartier St. Vital, à Winnipeg, est géré par un couple de franchisés qui est tombé sous le charme des restaurants Cora, de leurs menus colorés et de tous les plats joliment agrémentés de fruits.
La plus récente ouverture est celle du second restaurant situé à Regina. Le franchisé a d’abord ouvert un premier Cora en novembre 2018. Fort de cette aventure, il s’est lancé dans le développement de son deuxième restaurant et a ouvert les portes de celui-ci le 18 mars dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec 130 restaurants en activité, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners et poursuit sa mission d’offrir une nourriture et un service de qualité dans une chaleureuse atmosphère familiale.
Le leader canadien des petits-déjeuners ouvre deux nouveaux restaurants
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer l'ouverture de deux nouveaux restaurants dans l'Ouest Canadien. L'Alberta a accueuilli un nouveau soleil Cora au centre-ville d'Edmonton alors que la Colombie-Britannique a célébré l'arrivée du restaurant dans la ville de Surrey.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors des deux Grandes ouvertures en compagnie de différents dignitaires, influenceurs locaux et invités. C'est lors de cette grande célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 9e restaurant Cora en Colombie-Britannique et du 18e en Alberta pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec 130 franchises en opération, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.