Qui l’eut cru? Je suis assise avec un grand thé noir au McDonald’s de CHANDLER. En quittant le joli motel de PASPÉBIAC je me suis rendu compte que le comptoir à café de l’office principal était fermé. J’ai donc mis la clé dans la fente de la porte et j’ai pris la route sans écrire, la tête bien bourrée de tous les souvenirs d’hier.
À la radio de RADIO-CANADA Nouveau-Brunswick, j’entends une gentille présentatrice faire le point sur les points. Et moi j’imagine une immense ligne de petits points avançant à la queue leu leu vers je ne sais où. Mais non, la femme parle des points que l’on reçoit lorsqu’on achète quelque chose à la pharmacie. Zut! J’échappe quelques gouttes de café sur mon pantalon rose; rose bonbon comme le chandail et les petites chaussettes que j’ai aux pieds. Depuis que j’ai abandonné les sérieux costards (costumes trois-pièces), j’ai cette propension à m’habiller ton sur ton avec des couleurs vives : rose, vert lime, jaune citron, bleu ciel et rouge framboise. J’ai de la suite dans les idées. Je porte des couleurs des fruits enjolivant nos assiettes à déjeuner. En ai-je de ces fameux points que l’on me donne à tout bout de champ? La dernière fois que j’y ai réfléchi, tous les petits-enfants sont partis en vacances.
Par ici, à PORT-DANIEL, les maisons sont presque toutes peinturées blanches. Que se passe-t-il? 30 % de possibilités d’averses à PERCÉ; annonce maintenant RADIO-CANADA, ma meilleure amie en voyage. L’averse ne me dérange pas. Selon Google, l’eau abreuve, l’eau lave, l’eau purifie, l’eau préserve notre peau, améliore notre concentration, notre mémoire et notre digestion.
Pour un instant, oubliez l’eau, ouvrez grands vos yeux et regardez combien les lupins sauvages sont magnifiques en GASPÉSIE. Mauves, roses, blancs ou bleus pâles, ils enjolivent nos bords de route et réchauffent nos cœurs. J’adore les fleurs, mais je n’ai jamais acquis l’habitude d’en acheter. J’ai toujours été grippe-sou, comme ma mère probablement. La pauvre économisait sur tout même si son époux avait à l’époque un salaire convenable. Croyez-le ou non, durant la pandémie, j’ai moi-même déterré des plants de lupins sauvages et je les ai transplantés dans mon parterre. Et ils ont survécu! Cette année, ils sont aussi gros et aussi beaux que leurs frères sauvages.
Je roule, roule et j’arrive au centre de PORT-DANIEL. Je suis sur un pont entouré d’eau lorsqu’un gros orage éclate. À droite, à gauche et partout, il y a de l’eau se mêlant à l’eau des nuages qui m’asperge à gros bouillons.
Avez-vous déjà réfléchi aux églises anglicanes? Savez-vous qu’elles sont beaucoup plus petites que les grosses églises catholiques? Humblement peinturées en blanc, elles ressemblent à des petits chalets où les voyageurs dans le besoin auraient le moyen de coucher. La foi se mesurerait-elle à la grosseur du bâtiment; ou l’enfer à l’intensité de son feu? Après quelque 700 kilomètres de route, j’ai envie de dire que presque tous les cimetières du bas du fleuve sont situés du côté de la mer. Les morts s’y trouveraient-ils plus à l’aise; plus heureux à entendre le doux murmure des sirènes, plus enclins à se dissoudre dans l’eau salée?
Wow! Au 95 FM, Gilles Vigneault chante « Gens du pays ». J’immobilise ma bagnole et j’engrange tous ces kilos de poésie. C’est moi, gens du pays. Parle-moi d’amour, cher Gilles.
À CHANDLER, les fantômes de pissenlits s’évaporent dans le ciel. Des champignons d’argile enjolivent les devantures. Les falaises sont abruptes et la mer est souvent difficile à voir. Ma courageuse Mini monte et descend en permanence, comme un manège de parc d’attractions. Je roule et je vole et, soudainement, la radio m’apprend qu’à PERCÉ, 800 marcheurs viennent de compléter la « Ultra Trail Gaspesia 100 ». Moi qui en suis à 30 kilomètres du rocher, trouverai-je un gîte pour la nuit? Mon pied s’alourdit sur la pédale. J’ai faim. Aujourd’hui je n’ai rien mangé d’autre que des pommes et des carottes. Je dévale une longue côte. En plein soleil, vers 16 h, j’entrevois enfin le fameux rocher, vu, senti et touché par des milliards de touristes depuis l’aube des temps. L’Hôtel La Normandie, lui aussi, le dévisage. J’y entre et demande une nuitée. Du balcon de la chambre face à la mer, je pourrais presque tendre le bras et caresser la merveille. Mais non! Des milliers d’oiseaux blancs la protègent. Une sécurité peut-être supérieure à celle du pape François?
Ah! Si j’étais plus jeune, je chausserais de grosses bottes, m’enroulerais dans un ciré de marin et irais à la pêche en haute mer pour capturer des baleines ou attraper de grosses morues par le ventre avec une épaisse ligne transparente et un hameçon géant.
Ah! Si j’étais plus sportive, je partirais en expédition avec d’autres dans les sentiers pédestres de l’arrière-pays percéen. Je visiterais le Géoparc mondial UNESCO : la fameuse Grotte, la grande crevasse et la forêt magique.
Ah! Si j’étais plus aventureuse, j’irais faire le tour de l’ÎLE BONAVENTURE en kayak. J’escaladerais les cordages jusqu’à grimper sur la terre ferme de l’île où je casserais la croûte.
Ah! Si j’étais plus curieuse, je louerais des bonbonnes de plongée et je ratisserais le fond de la baie pour y admirer ses plus belles agates.
Ah! Si le temps pouvait se détricoter, mais il ne le peut point. Alors je claudique sur les trottoirs de PERCÉ à la recherche d’un beau goéland à suspendre dans ma verrière des Laurentides. Confrontée à mille babioles déjà vues, je reviens au gîte me faire une beauté pour le souper. Puis, au grand comptoir de La Maison du Pêcheur, c’est une magnifique pizza blanche qui vole la vedette au homard vivant. Toute bourrée de crevettes, de pétoncles et de chair de homard, la pizza est un véritable délice; avec deux coupes de pinot grigio. Oui, oui. Au diable la dépense!
C’est tellement facile de rêver lorsqu’on a mangé comme une reine. Je m’enroule dans le blanc immaculé des draps, dépose un livre de poésie sur mon flanc et je laisse mon cœur tout doucement aspirer la magie des mots.
À suivre dimanche prochain!
Cora
❤
Peut-être ai-je oublié? Vous ai-je parlé d’AMQUI, l’épicentre de la vallée de la MATAPÉDIA? Là où je me suis acheté des petits rouleaux à friser chez Hart parce que j’avais la chevelure déconfite par quelques orages. Oui, oui, ce soir-là, à CARLETON-SUR-MER, j’ai dormi comme dans l’ancien temps, avec un grand foulard de tête emmaillotant mes rouleaux torturants. Au matin, lorsque ma tête de gorgone entra dans l’espace CAFÉ de l’hôtel, le beau jeune homme qui servait aux tables m’a aussi apporté un étrange sourire avec le café. Un sourire et quelque dix autres cafés, que j’ai bus en écrivant ma lettre matinale.
Bref, en quittant CARLERTON, la BAIE DE MARIA, ainsi que sa jolie plage et sa mer magnifique m’ont tout de suite éblouie. J’ai même adoré les petits escaliers pour descendre dans l’eau, accrochés ici et là aux rebords de la route. MARIA m’a fait penser à une immense tarte au citron qui n’a pas besoin de meringue pour être magnifique. Avec ses bras grand ouverts aux touristes et sans nul besoin de bling bling pour attirer les incrédules, je pourrais presque conclure que MARIA est une des meilleures bouchées gaspésiennes.
Je roule et je roule, et lorsque j’approche de CAPLAN, la tragédie débute! Un ciel embourbé de foudre et d’éclairs me défrise les bouclettes. Je cherche mes aïeux. Je cherche la maison de mon grand-père Frédéric, ou celle d’à côté où nous habitions. Un déluge les aurait-il déracinées? Le village de CAPLAN serait-il devenu un trou d’aiguille dans une mappemonde? Ou est-ce moi? Serais-je devenue trop sénile pour reconnaître le village de mon enfance? Aurais-je tout oublié pendant la pandémie?
Telle une vieille chaussette au lavage, mon village aurait-il rétréci de moitié? À part l’église, pourléchée de bourrasques, je ne reconnais plus rien. Que faire, que dire? Les rues, les trottoirs et les petites devantures gazonnées sont vides. Je descends donc sur la grève et constate immédiatement que le quai aux millions d’anguilles a disparu. La terre des falaises et le sable ont encore la même couleur de jadis : rouge ferreux. Moi qui imaginais un petit pique-nique bucolique près de l’eau, je ravale ma faim. Même les roues de ma bagnole renfoncent de désespoir. Que faire? Revenue devant l’église, la pluie faiblit. Elle se change en crachin et devient fine, persistante et pénétrante. Je désespère. J’aurais peut-être dû ne point y revenir? Personne ne me connaît. Personne n’a vraiment besoin de me connaître.
Qui pourrais-je être, maintenant? Une poupée de chiffon, emportée par la vague? Un requin me tirant à droite et me jetant à gauche? La houle écrase mon ventre. J’ai mal partout. L’imaginaire et le réel s’entrechoquent dans ma caboche. Étais-je si jeune la dernière fois que j’ai vu CAPLAN? Serais-je trop vieille aujourd’hui? Un instant, l’église m’amadoue. Se souviendrait-elle de mon baptême? J’ai l’impression d’être une morte-vivante. Toutes ces années durant, le cimetière n’a-t-il pas veillé sur les corps de mes grands-parents maternels? Où sont les petites poches de noisettes écaillées que grand-maman gardait pour les grandes occasions, suspendues dans la pantry, comme elle l’appelait? Nous ne les avons pas toutes mangées.
Un long moment, le ciel m’asperge de larmes. Où aller? C’est dimanche. Tous les commerces sont fermés. La bagnole décide de redescendre sur la grève. Elle aussi désire s’enfouir dans le sable détrempé. Au large, j’ai l’impression d’entendre des sirènes chanter. Elles étendent leurs fringues gluantes sur la crête des grosses vagues. Ces reines de l’océan sont costaudes, elles se sont nourries de toutes les anguilles de la baie. Et je les envie. Tout le monde sur cette terre a une histoire à raconter, pourvu qu’il y ait quelqu’un pour l’écouter. Mais je suis toute seule sur la grève et ma voix s’effrite, mes mots tombent dans des coquilles vides.
Soudainement, je vois un homme en ciré noir qui marche sur la grève, la tête penchée. À coup sûr, il déterre des moules, comme nous le faisions, enfants. Je m’en souviens tellement! Frérot bataillait toujours pour être le meilleur, le premier à remplir son seau, le premier à attraper une truite au ruisseau. Il a aussi été le premier à s’endormir avec les vers de terre. J’ai envie de pleurer. La vie est si brève; la paix aussi frêle qu’un oiseau à l’aile pendante. Mille chagrins labourent mon esprit, mille questions restent sans réponses. La surdité du monde me bouleverse. D’un coup, toutes les plages d’autrefois quittent ma mémoire. Mon cerveau se dessèche.
Ma vessie étant sur le point d’éclater, je cherche en vain un endroit où me cacher. Je quitte la grève et décide de remonter la 132 en direction de MONTRÉAL. Ma bagnole éberluée grimpe les falaises et dépasse la pancarte AU REVOIR, CAPLAN. Mon cœur est au neutre. Adios, amigos! Mes deux paumes soudées au volant, je frise les 100 km à l’heure. Le moteur gronde et voilà qu’à ma droite, une affiche rouge feu annonce : DÉPANNEUR A+ FEUX D’ARTIFICE EN VENTE ICI. J’y entre en serrant les cuisses. « Avez-vous…? », que je demande. « Au fond à droite », de répondre un tout jeune garçon. Je me vide enfin de ma tristesse et, en sortant, trois belles rangées de magazines récents me sautent aux yeux. Je jubile! J’en choisis six puis j’attrape un gros sac de popcorn au fromage, un cola diète et une Coffee Crisp pour le dessert. C’est décidé. Je retourne à CAPLAN.
14 h 20 : Je roule sous une pluie fine et sans m’en apercevoir, je dépasse mon village natal. J’immobilise mon bolide. Un instant, je crois à un signe du ciel. Une femme dans la tourmente est certainement plus fantasque qu’une baleine bleue? Mon réservoir est aux trois quarts, j’envisage de rouler jusqu’à Percé, convaincue que lui, majestueux rocher, sera encore là, à m’attendre. Je démarre, j’avance à la vitesse prescrite. Au loin, je distingue à peine la ligne d’horizon séparant le ciel de la mer. Tout est blanc, beige crémeux. Lorsque j’arrive à PASPÉBIAC, je trouve un joli motel de jadis à 100 $. Je recharge mes appareils et j’étale mes achats sur le grand lit queen de la chambre. Je raffole des magazines. C’est mon point faible en ce qui concerne la consommation à outrance. J’ai devant moi RICARDO, VÉRO, CHÂTELAINE, ELLE QUÉBEC et BEL ÂGE. Oui, oui, les vieux m’intéressent au plus haut point. Aujourd’hui, j’ai aussi acheté LA SEMAINE avec la belle photo de dame Janette Bertrand en couverture. C’est une de mes idoles. Je suis toujours intéressée de lire ses bonnes recommandations et je désirerais tellement connaître sa recette de longévité.
Au mur, devant mon lit, une immense télé me dévisage. Je l’allume et ouvre mon sac de popcorn. La vie redevient magnifique. Un bain d’eau chaude savonneuse a pris soin de laver toutes mes frustrations du jour. À l’écran, Al Pacino raconte sa vie. Je suis comblée. Je l’ai adoré jouant Fausto dans Parfum de femme. Mon cœur palpite, mes yeux s’alourdissent et je m’endors dans les bras d’Al, fier successeur de son père, le Parrain.
À suivre dimanche prochain!
Cora
❤
L’air du matin me pique le nez. À peine éveillée, j’imagine des milliers de poissons microscopiques grimpant jusqu’à mon oreiller. À deux pas de l’eau, dans la baie de CARLETON-SUR-MER, une sirène est assise sur une bûche pourléchée par le temps. Elle lisse ses écailles de couleur lapis-lazuli. Souriante et avenante, ses longs bras de reine poussent un chalutier vers le large.
J’ai quitté SAINTE-FLAVIE les larmes aux yeux. Ce joli village côtier est entré dans mon cœur alors que je n’avais que sept ou huit ans. Mon père, commis voyageur, avait eu une importante promotion et nous avions quitté CAPLAN, notre centre du monde à l’époque. Je m’en souviens. Coincées sur la banquette arrière, nous les trois fillettes, nous mouillions nos cuisses de larmes, de peines, et de peur de ce « très, très loin nouveau chez nous » avec lequel frérot nous avait lessivé les tympans. La route fut interminable. Elle longea le fleuve tout l’avant-midi puis s’engouffra dans les dunes et petites montagnes de la Vallée de la Matapédia. C’était il y a quelque 68 ans. Et ça me touche beaucoup de réaliser que toute ma journée d’hier a servi à faire exactement le même trajet, à l’envers.
En route vers la BAIE-DES-CHALEURS! C’est l’explorateur Jacques Cartier qui, à l’été 1534, a baptisé ce lieu « baye des chaleurs ». Le saviez-vous? Bien avant lui, le peuple Mi'gmaq appelait l’endroit « Maoi Pôgtapei », signifiant « la grande baie ». J’avance, la tête alourdie de trois quarts de siècle d’expériences de toutes sortes, de naissances et de la mort de mes chers parents. Malgré mes multiples aventures de survie, j’ai toujours eu le temps de redescendre le fleuve vers mes origines, mon patelin, mon pays. J’ai appris trois langues et pourtant le fleuve m’abêtit. Il me fige, me ramène à l’âge où je créais mes souvenirs au lieu de les amincir. Le sable entre mes orteils, les roses sauvages de la tante Hope, les petits poissons séchés que nous mâchouillions comme s’ils étaient des caramels; tout cela et des milliers d’autres plaisirs quotidiens qui s’accordaient comme des notes de musique symphonique. À bientôt, SAINTE-FLAVIE, nos jeux d’enfants sur la grève, les coquillages de moules délavés, les branches polies par la vague, l’odeur enivrante du large, les familles de canards, le quai majestueux.
Après mille photos précieusement sauvegardées dans mon cellulaire, mon bolide grimpe la côte de MONT-JOLI direction la fameuse Vallée de la Matapédia par la route 132 est. Mon premier regard se délecte d’une immense courtepointe de teintes vertes. La nature exagère toujours au-delà du connu. N’est-ce donc point ce qui stimule les explorateurs? N’est-ce point ce qui attire ma créativité? L’homme des cavernes aurait certainement pu imaginer qu’un oiseau préhistorique transporte des humains dans son ventre. C’était une question de temps, le temps que son cerveau mûrisse. Tout le progrès du monde serait-il une question de temps? Faudrait-il interroger Henry Ford ou Elon Musk? Bref, la bagnole avance.
Un SAINT-MOÏSE sur une pancarte verte me dit BONJOUR. Y en a-t-il un pour vrai? Tous les saints du ciel seraient-ils réunis au Québec? Et les plus gros bâtiments, seraient-ils des églises gigantesques? Des églises vides, bien souvent; aussi triste qu’une petite pluie qui ni ne mouille ni ne sèche. Un peu plus loin, l’église de SAYBEC me nargue avec son clocher bien effilé qui transperce un nuage. Qui sont donc les véritables chrétiens qui, en 1931, ont transporté toutes ces lourdes pierres ayant servi à la construction de l’église actuelle? Y ont-ils gagné leur ciel? À SAYBEC, deux églises ont été maganées par la foudre; l’ancienne en 1929 et la nouvelle le 26 septembre 1979. Il paraît que seulement le coq sur le bout du clocher a été amoché; le coq et le système électrique de l’église.
Un peu plus loin à ma droite, une SAQ est accoudée sur un Marché Tradition. Quoi dire? Une sortie, deux sacs de provisions? Plus loin, une autre minuscule église protège le cimetière. Les morts auraient encore besoin de protection dans ce bout de pays? À midi, au fin fond de la vallée, j’entends la radio m’annoncer que Joël Le Bigot tire sa révérence. Quelle tristesse! Que vont devenir mes samedis matins? Ça me dit vraiment rien d’autre. Mozart l’enjoué pourrait-il me consoler? Bof! Tout finit toujours par finir, le bon comme le mauvais. Au moins la route est potable; bien souvent fraîchement pavée. Je vous recommande le trajet. Certes la vallée est moins romantique qu’un bord de mer, mais ainsi va la vie. On ne peut pas toujours être en train de manger des shortcakes aux fraises.
« Pas d’avenir pour la F1 », déclare RADIO-CANADA. 18 millions de dollars venant des deniers publics. Qu’est-ce à choisir? La santé de la planète ou le divertissement du public? Dites-moi, un grand tour de la GASPÉSIE pourrait-il remplacer le spectacle de la F1? J’imagine des milliers de Gaspésiens lançant des branches de lilas aux cyclistes. J’imagine le fleuve en ébullition, les anguilles avec la tête hors de l’eau pour tout voir, les parents promettant des bicyclettes à leurs enfants. Les élus promettant d’améliorer les bords de mer.
À SAINT-VIANNEY, on dirait que tout le monde s’est endormi en plein jour. Je ne vois personne. Ni chien, ni chat, ni âme qui vive. Plus loin, à SAINT-RENÉ, le temps noircit, la route renfonce. Je me sens toute petite et vulnérable. Je rallume la radio pour entendre qu’en France les cadavres s’accumulent. C’est inévitable. Maîtresse Planète serait-elle en train d’allumer un grand feu? Nous vivons comme si nous étions encore dans le paradis terrestre. Un expert annonce que plus les périodes de canicule sont longues, plus le danger augmente. Cette extrême chaleur viendrait-elle des fissures de l’enfer? Dernièrement, notre Vancouver a eu tellement chaud que tous ses vieux sont presque morts de peur. Cela m’effraie. Peut-être devrais-je partir le plus vite possible au lieu de finir calcinée avant mon heure.
Je pousse à fond la pédale. J’ai hâte de sortir de cette vallée. À droite, un joli pont couvert me console. La 132 n’en finit plus de s’étirer. Comme lorsque nos mères faisaient de la tire pour la Sainte-Catherine. Dieu merci, je ne suis pas une divinité domestique; juste une cuisinière de repas matinaux. Je roule et je dévale cette vallée comme si la flamme olympique me courait aux fesses. À bonne vitesse, j’arrive enfin à MATAPÉDIA. Je ne m’y arrête point et je finis par entrer dans la MRC Avignon. J’aimerais visiter ESCUMINAC et quelques vieux Micmacs, mais mon bolide passe tout droit. Je me console en rêvant d’un TOTEM juste pour moi, dans ma tête. Je rêve d’empiler une dizaine d’assiettées d’années toutes différentes et significatives. Tout là-haut, au bout du totem, je verrais ma vieillesse picorer le ciel pour y entrer.
À CARLETON-SUR-MER, je lorgne un bord de mer pour un bon dodo. J’accoste au Manoir Belle Plage. Un bel endroit rempli de livres d’histoires de nos anciens Canadiens. Après une orgie de fritures de poisson chez Dixie Lee, je regrette d’avoir beaucoup trop mangé. J’ai mal au ventre, mal au cœur, mal à moi, incapable de me rappeler ce qui est bon pour mon système digestif. J’ai l’impression d’avoir le ventre plus gros que le corps, la tête vide et les jambes pesant cent livres chacune. Après une heure de trempage dans l’eau bouillante, je m’enfouis sous la couette luxueuse du Manoir et m’endors.
Je m’évapore, je m’amenuise jusqu’à n’être qu’un filet de varech coincé entre deux bois morts. Mes draps se liquéfient. Qui suis-je d’autre qu’un boulet, un ventre gonflé dérivant vers le large, un vide étrange espérant l’aurore? En sourdine, mon ronflement laboure l’écume du large. Dans ma tête inondée, un rêve essaie d’aboutir. J’ai peur. Une vague géante craquelle la noirceur de l’eau. J’attrape une algue géante et m’enroule dedans. J’ai chaud, je suis bien et tout d’un coup une gueule géante s’entrouvre et m’avale. Quel cauchemar!
À suivre dimanche prochain!
Cora
❤
Je n’exagère en rien, mon voyage est exceptionnel. Adieu Paris, Londres et Istanbul. J’y suis allée, j’ai adoré et pourtant, ce présent retour aux sources est incomparable pour moi. Ayant quitté vers midi l’auberge de NOTRE-DAME-DU-PORTAGE, je me suis mise à chercher le loup de RIVIÈRE-DU-LOUP. Le pauvre se cache certainement quelque part dans les 138,4 km carrés de territoire qui lui sont alloués. J’ai vu l’Hôtel Universel, l’Hôtel Lévesque, le Comfort Inn et l’Auberge de la Pointe, mais aucun loup, nulle part. Cherchant au-delà des clôtures à pâturages, j’ai appris que le nom de la ville pourrait venir de la présence de phoques, aussi appelés loups de mer, qui auraient autrefois été nombreux à l’embouchure de la rivière. Il paraîtrait même que c’est Jacques Cartier en personne qui, lors d’une expédition exploratoire, aurait baptisé la bourgade d’alors parce qu’il avait vu de visu beaucoup de loups marins sur la grève de la rivière. On peut donc conclure qu’un loup n’est pas toujours un loup et que chercher l’animal mâle de mes rêves est une aventure plutôt aléatoire.
Heureusement que la belle CACOUNA d’à côté a su me consoler. Avec ses maisons magnifiques zieutant le fleuve en permanence, son resto Pub d’Antan, son immense meunerie, ses boutiques d’antiquaires et des centaines de lilas qui parfument la bourgade, CACOUNA est un trésor bien caché. Je l’ai traversée aussi tranquillement que lorsque je lèche un cornet de crème glacée molle. Surtout qu’un soleil éblouissant essayait de me convaincre d’y dormir une nuit. Pour être belle et unique aux yeux des autres, il faut d’abord l’être pour soi-même. Avoir le courage de montrer notre unicité, nos couleurs, nos couronnes de fleurs sur la tête et nos fringues excentriques. Oser n’est pas un jeu, mais une déclaration de courage. Mon courage et celui de CACOUNA la magnifique.
Toujours sur la 132 est, la Mini Cooper crachote. Elle a de quoi tourner en bourrique avec le fouillis de dépliants qui l’habite. Cartes par-ci, fascicules par-là, carnet de notes, livres entrouverts, factures en désordre, l’habitacle ressemble à un kiosque touristique ayant subi une attaque nucléaire.
RIMOUSKI, annonce un panneau vert. Au loin, l’ÎLE VERTE pique du nez dans le fleuve. Des cyclistes pédalent vers demain. Deux femmes en décapotable me saluent et me dépassent. Tout au long du parcours, le fantôme de l’autoroute 20 me menace. À chaque éclaircie, je le vois me tendre la main. Ça arrive toujours depuis que les carrioles n’existent plus. La facilité nous tire la jupe. La rapidité est reine!
12 h 26 : Pendant un long moment, je traverse des terres arables plus vertes que l’espoir. Je résiste à la tentation du traversier pour aller serrer la pince à l’ÎLE VERTE. NOTRE-DAME-DES-SEPT-DOULEURS me console. La pauvre paroisse relate l’histoire de la Vierge suivant pas à pas son fils vers le Golgotha. Seigneur que c’est triste. Savait-elle qu’Il allait ressusciter d’entre les morts?
13 h 32 : Sur la pancarte verte, TROIS-PISTOLES allonge le nez. Pourquoi « Trois »? Et non quatre ou huit? Avons-nous affaire à un ancien règlement de compte entre curés? Peut-être devrais-je demander au fameux Victor-Lévy Beaulieu? Il est encore vivant et très prolifique. Peut-être m’encouragera-t-il à continuer d’écrire? À ma gauche, la Fromagerie des Basques semble être le point d’attraction de TROIS-PISTOLES. Je m’y arrête. Je réfléchis. J’ai oublié ma glacière! Tête de linotte que je suis. Moi qui voulais rapporter un vrai homard à ma petite-fille. Pas de fromage non plus.
Environ 14 h. Devrais-je prendre le traversier vers LES ESCOUMINS? Quoi, quoi? Secouer mes mains, bardasser mes doigts? Tiens donc, un musée à l’horizon, un ramassis de vieilles bagnoles du temps de Maurice Duplessis. De l’autre côté de la route, l’atelier de Marcel Plourde, ébéniste. Et juste à côté, un petit commerce de Ballons en Folie. J’arrête ma Mini, descends la vitre du conducteur et demande à une petite vieille pourquoi la place s’appelle TROIS-PISTOLES. Croyez-le ou non, elle ne le sait pas. Elle me dit qu’elle est désolée; presque prête à pleurer.
Je reprends la route. J’adore mon pays, ses terres et ses mers, son ciel bienveillant et ses gens chaleureux. Je suis heureuse. Diable, que vois-je? Un corbillard accoudé à la clôture d’un cimetière et tout plein de belles bagnoles stationnées aux alentours. Qui est mort? Monsieur le maire? Un gros bonnet? Un bien nanti, comme dirait Victor-Lévy? À qui appartient la rutilante Jaguar rouge? Je voudrais bien le savoir. Ô miracle, en avançant, une petite librairie emplit mon parebrise. J’immobilise la Mini, ouvre ma fenêtre, enlève mes verres fumés et aperçois un gros FERMÉ AUJOURD’HUI. Fermé pourquoi? En deuil du mort dont j’ignore le nom?
Je réalise qu’en sillonnant ma belle GASPÉSIE, j’accumule beaucoup de POURQUOI. Pourquoi au juste? Mon pied droit léger sur la pédale à gaz, je continue ma route. Ainsi va la vie, à TROIS-PISTOLES ou ailleurs, je m’accommode de ce que je maîtrise. Et je ne souffre pas du syndrome FOMO (de l’anglais « fear of missing out »), qui veut dire la peur de rater quelque chose. Je ne suis pas le nombril du monde, mais peut-être un tout petit grain de beauté sur la joue de mon patelin. Je vis, les deux pieds sur terre, dans un monde connecté. J’en perds des bouts assez souvent, mais RADIO-CANADA et LE DEVOIR du samedi m’apprennent le plus important à savoir.
Et voilà qu’une magnifique grosse église s’impose à moi. Un chef-d’œuvre en véritables grosses pierres des champs. J’ai une belle pensée pour les anciens bâtisseurs de cathédrales. Je stationne et marche autour de l’église. Juste derrière, un petit édifice moderne annonce : MALLETTE Société de comptables professionnels agréés. C’est quand même édifiant de voir à quel point TROIS-PISTOLES en mène large. Juste à côté de chez Mallette, la Cantine d’Amour. Mes neurones s’entrechoquent. J’ai le goût de rester à TROIS-PISTOLES. Du moins, jusqu’à ce que je découvre pourquoi « Trois » Pistoles et non quatre ou huit. Devrais-je cogner à la porte de chez Mallette? Devrais-je quitter ces lieux énigmatiques?
« On the road again », me répondrait le célèbre Jack Kerouac. Personne ne m’attend et c’est bien tant mieux. Moi-même, je ne sais pas où je dormirai ce soir. C’est un peu ça, la liberté. Ne pensez-vous pas? Serait-ce le propre de la vieillesse? Ne rien promettre et raconter après-coup ce qui s’est véritablement produit? La vérité toute crue?
Je reprends la route et plonge dans l’émerveillement. Approchant le BIC, tout est beau, tout est vert et la luxuriance des arbres est incomparable. Est-ce à cause de l’eau, à cause de la température, d’un microclimat ou de l’amour des résidents? Au BIC, même les jolis bouleaux travaillent à s’embellir. À ma gauche, on annonce un traversier pour la CÔTE-NORD. À voir peut-être du bateau : un BIC, une baleine et son bébé.
Avez-vous déjà remarqué que ce sont les bouleaux qui protègent nos routes de campagnes? Ils sont minces, flexibles et vaillants. Et ils sont polis, avenants et discrets. Élégamment vêtus, ce sont eux qui s’étirent, se courbent et se penchent pour aider un petit lapin sauvage ou une maman marmotte. Ce sont encore eux qui aident les conducteurs lorsque tombe la brunante. Eux qui allongent leurs bras blancs et éclairent la route.
J’arrive enfin à SAINTE-FLAVIE où j’ai jadis demeuré quelque trois ans. Je trouve un lit pour la nuit à l’hôtel Gaspésiana et m’empresse ensuite d’aller sentir le doux parfum de la mer. J’y trempe mes pieds deux instants avant de geler. À 19 h, je déguste enfin un homard local dont la chair me chavire. Totalement éblouie, j’ose commander 8 onces de Sauvignon blanc Jackson Triggs Reserve. Tout juste sorti d’une casserole d’eau bouillante, l’animal me tend ses deux pinces; comme si terre et mer allaient se réconcilier pour la première fois au monde. « La vie est dangereuse, chère amie. Il faut fracasser la carcasse pour goûter à la chair », m’aurait certainement dit le grand Bocuse s’il avait été assis à ma table. Ce grand cuisinier, dont j’ai lu la nourrissante biographie, fut un homme passionné, bourré d’entrain et de savoir-faire. Il est mort dans son sommeil le 20 janvier 2018.
Ouranos! Premier fils de la terre et maître du ciel étoilé, entends-moi : c’est ce genre de départ que je souhaite avoir. Partir en rêvant du prochain déjeuner à inventer. Partir sans regret, avec la main d’un ange me guidant vers là-haut. Si haut; là où aucune contrariété ne pourra germer dans ma caboche.
Je vole, je m’envole. Qui serai-je demain? Une reine décoiffée par la houle? Une sirène s’approchant de l’ÎLE BONAVENTURE?
À suivre dimanche prochain!
Cora
❤
Les restaurants Cora sont fiers d’annoncer que la marque devient désormais un partenaire de choix de la compagnie aérienne WestJet. En effet, le transporteur canadien offre dorénavant le déjeuner Cora dans sa cabine Privilège à bord de ses vols matinaux. Il s’agit d’une délectable marque de confiance à l’égard notre entreprise, la pionnière des restaurants de déjeuners au Canada!
WestJet propose, depuis le 26 juin, un déjeuner Cora sur la plupart de ses vols d’une durée de deux heures et demie et plus. Les plats offerts sont inspirés des repas déjà prisés des mordus des déjeuners Cora : les oeufs Ben et Dictine à la dinde fumée, la Cassolette de légumes et l’Omelette au cheddar vieilli et aux épinards avec saucisse à la dinde.
Il s’agit d’une savoureuse opportunité pour Cora déjeuners d’accroître sa notoriété et de faire découvrir son menu auprès d’un public voyageur en donnant aux passagers de WestJet la chance de savourer un déjeuner Cora dans la cabine Privilège du transporteur.
Bon voyage!
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer qu'un autre soleil s'ajoute à sa bannière dans l'Ouest Canadien. Cette fois, c'est la ville de North Vancouver qui a vu le soleil se lever.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors de la Grande ouverture. C'est lors de cette célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Cette nouvelle franchise fait partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 10e restaurant Cora en Colombie-Britannique pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec plus de 130 franchises en fonction, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
L’année 2019 en est une de développement pour Franchises Cora inc., le chef de file canadien des déjeuners. L’entreprise fait rayonner son soleil symbolique dans les plus grandes villes au pays!
Deux autres restaurants ont ouvert leurs portes en mars. Comme dans bien des cas chez Cora, il s’agit d’une aventure familiale. Ainsi, le restaurant du quartier St. Vital, à Winnipeg, est géré par un couple de franchisés qui est tombé sous le charme des restaurants Cora, de leurs menus colorés et de tous les plats joliment agrémentés de fruits.
La plus récente ouverture est celle du second restaurant situé à Regina. Le franchisé a d’abord ouvert un premier Cora en novembre 2018. Fort de cette aventure, il s’est lancé dans le développement de son deuxième restaurant et a ouvert les portes de celui-ci le 18 mars dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec 130 restaurants en activité, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners et poursuit sa mission d’offrir une nourriture et un service de qualité dans une chaleureuse atmosphère familiale.
Le leader canadien des petits-déjeuners ouvre deux nouveaux restaurants
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer l'ouverture de deux nouveaux restaurants dans l'Ouest Canadien. L'Alberta a accueuilli un nouveau soleil Cora au centre-ville d'Edmonton alors que la Colombie-Britannique a célébré l'arrivée du restaurant dans la ville de Surrey.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors des deux Grandes ouvertures en compagnie de différents dignitaires, influenceurs locaux et invités. C'est lors de cette grande célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 9e restaurant Cora en Colombie-Britannique et du 18e en Alberta pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec 130 franchises en opération, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.