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22 juin 2025

Cette vie qui rétrécit

Aujourd’hui, que faire avec cet étrange thème occupant l’entièreté de ma caboche? Je plie et déplie mes mains; le froid glace mes dix doigts. Depuis quelques semaines, j’essaie d’animer ce cher clavier, mais tous mes jolis mots restent muets.

Trop tôt sans doute, mon petit moi dégringole et tombe dans le vide. Ma longue traîne de reine du déjeuner s’effrite comme une galette beaucoup trop cuite. Malgré mille miettes de mots, une abondance de Lettres du dimanche et de festins d’oiseaux, parfois même dans la langue de Shakespeare, les mots m’échappent désormais.

Que puis-je dire, que puis-je faire? Peut-être qu’un matin, ou à la brunante, ma lourde tête se videra tel un puits asséché. J’ai mal, je souffre. Mon monde est un immense déversoir de mots qui s’éparpillent, se disséminent, et quelques rares fois s’envolent. Ce continuel bourdonnement d’histoires dont je peine à me rappeler. Toutes ces lourdes phrases à requinquer; tous ces jolis mots que je commence à oublier.

Je ressens quelques fois ces bleus de l’âme, ces petites morsures du temps. Cet affreux sentiment d’être esseulée, rongée par la déprime ou l’angoisse.  J’ai tellement écrit sur des choses joyeuses, sur le vrai monde qui attend mes lettres et qui me lit. Je ne peux que continuer à me coller sur mes précieux lecteurs, sur la présence d’autres humains, sur mes fantastiques semblables.

Je ne veux pas débarquer du tapis roulant de la vie. Peut-être vais-je tituber, tomber parfois, mais j’insisterai pour me relever. Je vais certes traverser des pertes, brûler des biscuits, manquer des rendez-vous, égarer des clés. L’important, c’est de ne jamais oublier l’humain à partir d’une rencontre, d’une émotion, d’une simple curiosité. Serait-ce ma façon d’échapper à l’esseulement?

Avec mon vieux déguisement de super héros, ressusciterai-je les oublis de ma mémoire, le hasard des mots, la suite dans mes idées? Mais, surtout, que puis-je faire pour freiner l’absence de plus en plus marquée de ces précieux mots? Une petite virgule suffirait-elle à changer le cours de ma vie?

La brume se dissipe, le matin se lève. Quelques rêves encore flous taquinent mes orteils. Tellement de mots tombent dans le vide; tellement de phrases besognent pour être écoutées.

Ces jours vieillissants ont ouvert un gouffre de stupeur, de lenteur et d’effarements. Mon corps penché sur mes mains dans le petit lavabo, le miroir qui me renvoie l’image de mon beau visage désormais blessé de cernes et de rides. Je cherche un joli mot, un filon d’idées. Une grimace m’apparaît dans la glace.

Tandis que dehors une famille de corneilles occupe mon gros pommier, je reste au chaud dans ma tanière, j’enlève la robe des pommes pour concocter un dessert. Quelle bonne cuisinière j’ai été, créatrice d’autant de délicieux déjeuners! Au paradis, quasi certaine, je nourrirai les anges et les archanges.

L’euphorie de la possession se dissipe assez vite. Il en va de même des obstacles qui ne sont en réalité qu’une série de leçons à apprendre. Aurais-je été trop dure avec moi-même? J’ai toujours essayé de faire de mon mieux. Je n’ai pas écrit pour performer, mais pour aimer mes lecteurs.

Comment survivre quand mes raisons de vivre s’amenuisent? Quand le travail et la famille ne justifient plus mes efforts, quand mes compétences ne sont plus sollicitées et que je me découvre de moins en moins utile avec pourtant du temps à revendre et encore un peu d’énergie. Comment vivre sans s’accrocher désespérément à des responsabilités que des plus jeunes ou d’autres assument mieux? Quel sens donner à une vie qui rétrécit?

Quelques sages philosophes me parlent de vie nouvelle, d’une vie sans autre raison de vivre que celle de la vie elle-même. Oui, oui! Fini la tentation de vouloir désirer, espérer, performer, prospérer. Je ne veux être que vivante, capable de lire et de tenir un crayon pour écrire ou dessiner.

Je me promets de modifier mon modus operandi. Je vais calmer la vieillotte avec quelques lignes de poésie, quelques haïkus; je vais reprendre le dessin, les grandes balades en Mini, peut-être même en Gaspésie. En continuant d’observer et de décrire au jour le jour mes petits bonheurs, mes paniques, mes surprises et mes tendres oublis.

Assagie et consentante, je patiente jusqu’au moment où la lumière mourante du jour allumera les étoiles!

Cora
♥️

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