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16 novembre 2025

Faire ce que nous aimons nous guérit

Ouverts le 27 mai 1987, le jour de mes 40 ans, les restaurants Cora ont fêté leur 38e anniversaire d’existence cette année. Maman divorcée avec trois ados sur les bras, j’étais très loin de me douter qu’en ouvrant ce tout petit resto, je recevrais le plus gros cadeau au monde : la clé qui allait m’ouvrir la porte d’un avenir mirobolant.

Après un divorce sans pension alimentaire, j’ai travaillé en restauration six à sept jours par semaine pendant sept ans, jusqu’à ce qu’un violent « burnout » immobilise mon esprit. Mon père avait dit un jour que j’étais une force de la nature; « forte comme un cheval », avait-il ajouté. Mes deux parents étaient déjà morts lorsque l’épuisement professionnel étrangla mon esprit. Les pauvres ne m’ont pas vue en petite souris, immobilisée de peur dans sa trappe. J’avais travaillé comme une forcenée lorsque soudain, sans crier gare, l’épuisement s’empara de tout mon corps; je devins incapable de cuire une soupe pour mes enfants, incapable de réfléchir, incapable de réagir.

J’ai passé deux longs mois étendue sur le divan du salon à ne plus savoir qui j’étais, ni où j’allais; comme si mon énergie s’était enfuie de mon corps. Heureusement, quelqu’un parla un jour à mon plus vieux d’un docteur qui s’y connaissait en la matière. Je me souviens encore de cette rencontre. L’homme très âgé ressemblait beaucoup plus à un antique philosophe en toge blanche qu’à un médecin d’aujourd’hui. Il m’a pourtant dit qu’il n’existait aucun médicament pour guérir une extrême fatigue, juste du repos; beaucoup de repos. Le « burnout », conclut-il, ça se guérit à force de se faire plaisir!

Je me retrouvais complètement déboussolée. Comment allais-je me faire plaisir? J’étais incapable de réfléchir à ce sujet. Depuis que j’avais abandonné mes études pour me marier obligée, j’avais traversé 13 ans de déplaisirs quotidiens. Puis, j’avais dû travailler comme une déchaînée pour répondre convenablement aux besoins de mes enfants. C’est pourtant eux, ces bienheureux adolescents, qui ont trouvé la solution, le remède magique pour me guérir. « Maman, pourquoi n’écrirais-tu pas? Tu aimais tellement ça lorsqu’on était petits; tu écrivais même en cachette de papa, la plupart du temps. Pourquoi ne pas essayer maintenant? Je te donne mon cahier à anneaux », m’avait dit le plus vieux. « S’il te plaît, maman, je te prête mes stylos », ajouta sa sœur.

C’est ainsi, ligne après ligne, très tranquillement, deux ou trois petits paragraphes par jour, que l’encre a raconté l’histoire du mauvais mariage; l’assassinat de la belle jeune fille que j’étais et la dure survie d’après. De jour en jour, mon corps reprenait vie; comme si les morceaux d’un casse-tête s’assemblaient d’eux-mêmes dans ma tête. Les enfants déposaient des petits plats sur la table du salon; ils me préparaient des thermos de café que je buvais avec de plus en plus de satisfaction.

Puis, un matin, la plume s’est asséchée. Soudainement, je n’avais plus rien à dire. Mon corps et ma tête prenaient du mieux; ils voulaient se lever, aller dehors, voir le soleil et marcher dans l’herbe. En jaquette et en pantoufles, j’ai commencé par sortir la balayeuse de l’armoire et nettoyer le tapis du salon où des milliers de miettes de pain et de biscuits étaient tombés de mes collations. Sur la table basse, trois tasses à café vides attendaient que je les ramasse. Surtout, j’avais le goût de le faire, de nettoyer tout mon campement de fortune, et de ranger quelque part mes précieux brouillons d’écriture. Peut-être qu’en les écrivant, la montagne de chagrins que je transportais depuis toujours a fondu?

Le vieux docteur philosophe avait eu raison : FAIRE CE QUE NOUS AIMONS NOUS GUÉRIT. Il m’avait prescrit trois mois et demi de repos, mais je n’ai pas eu à compter les jours puisqu’un miracle est arrivé, un extraordinaire miracle, mille fois plus gros que l’éclosion des premières jonquilles. J’allais bien et je commençais à chercher un endroit dans les alentours où aller prendre un café avec un calepin d’écriture. Le surlendemain d’avoir conduit ma Renault 5 pour la première fois depuis que je m’étais écroulée d’épuisement, le plus vieux m’annonça qu’il y avait grève des autobus et que j’allais devoir le conduire à Montréal pour une entrevue d’embauche. J’ai tout de suite dit oui, sans réfléchir et, surtout, j'étais contente de pouvoir enfin être utile à ce grand garçon débrouillard. Je m’en souviens encore, j’avais rougi mes lèvres et tressé mes cheveux en couronne sur ma tête. C’était bon signe.

En traversant le boulevard de la Côte Vertu, j’ai soudainement été happée par une affiche de RESTAURANT À VENDRE placardée au premier étage d’un petit immeuble plutôt défraîchi. Je n’oublierai jamais ce moment. Je savais qu’il se passait quelque chose dans ma tête, un revirement de situation qui, plus tard, me ferait penser à Paul de Tarse tombé de son cheval sur le chemin de Damas. J’ai fixé la pancarte et je me suis promis de revenir m’informer après avoir déposé mon fils.

Après sept années à l’emploi d’un très grand restaurant populaire de Laval, j’avais acquis une excellente réputation, un poste de direction et un salaire hautement suffisant. Tout le personnel, les patrons et la fidèle clientèle attendaient mon retour avec impatience, et je le savais de source sûre. Pourtant, dans un seul instant, le petit restaurant abandonné croisé au hasard, fermé depuis deux longues années, s’est inscrit en idée dans ma tête comme si c’était la chose la plus normale à faire.

Lorsqu’on néglige notre équilibre, nos besoins fondamentaux et notre bienveillante sérénité, l’ultime architecte de nos vies nous ramène à l’ordre. Il fabrique des miracles aussi souvent que nous en avons besoin pour comprendre. Sans crier gare, sans que nous le réalisions bien souvent, il nous envoie des idées mirobolantes, des rêves prémonitoires et des clés magiques.

Le plus grand miracle à m’être arrivé, c’est d’avoir cru, sans vraiment comprendre, tout ce que cette affiche de RESTAURANT À VENDRE avait à me dire.

Cora
❤️

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