La magie des Fêtes
Lorsque j’étais enfant, le temps des Fêtes ne signifiait rien de très extravagant dans ma famille. Nous avions congé d’école, nous pouvions jouer dans la neige et rendre visite à grand-père Frédéric autant que nous le voulions, mais il n’y avait pas de gros réveillon ni d’abondance de cadeaux sous le sapin. La magie ne se pointait jamais au rendez-vous. Comme vous vous en doutez, je n’ai jamais vu maman embrasser le père Noël, ni même enlacer papa sous le gui.
Plus tard, mes enfants ont ajouté un peu de magie à la froidure hivernale. Je les sortais pour admirer les vitrines élégamment décorées des grands magasins et les lumières scintillantes dans les sapins. À la maison, comme le mari jouait souvent aux cartes, il n’y avait pas souvent de cadeaux sous le sapin.
Je me souviens encore de la fois où j’ai emmené mes jeunes enfants dans un centre commercial rempli à craquer d’automates courant de gauche à droite, les bras remplis d’emplettes emballées dans des papiers scintillants et bariolés d’images de Noël. Arrivés en plein centre de l’aire de restauration, quelle ne fut pas notre surprise en voyant un gigantesque père Noël affalé sur les gros coussins de velours rouge d’un immense trône rouge avec une armée de jolis poinsettias au garde-à-vous devant ses bottes. Tout ce qu’on distinguait dans cet amoncellement de rouge, c’était la grosse barbe blanche du père Noël, sa moustache et ses longs sourcils aussi blancs que la neige immaculée.
La petite tira ma manche pour demander qui était la belle dame à la main gantée appuyée sur l’épaule du père Noël. Et le plus vieux de lui répondre que c’était une fée : la fée des étoiles. Celle qui, en principe, donne des bonbons aux enfants. Après presque une grosse heure dans la file indienne devant le père Noël, chaque enfant a reçu, dans le creux de sa main, une petite canne en bonbon.
Nous étions pauvres à cette époque, mais nous nous sommes réjouis d’avoir vu le père Noël. Les enfants ont bu un chocolat chaud avec trois minuscules guimauves flottant sur le liquide chaud. Leurs sourires étaient tellement beaux à voir, chacun endimanché d’une moustache crémeuse. Ils ont bien sûr demandé des frites, un burger, une pointe de pizza, ou n’importe quel petit repas à l’extérieur du logis qui eut pu leur faire croire qu’ils étaient comme tous les autres enfants du quartier. Et j’ai dû leur promettre un macaroni au fromage Kraft, un vrai!, comme disait le plus vieux, pour finalement les sortir du centre commercial. D’ailleurs, la nourriture est devenue pour nous un élément rassembleur et réconfortant.
Mon ami Éric, le cuisinier dont je vous ai déjà parlé, a passé une journée entière chez moi il y a quelques semaines à préparer les feuilletés aux épinards et les tourtières. J’ai passé un après-midi à enrouler des feuilles de vigne. Mon sucre à la crème ne demande qu’à être délivré du congélateur pour aller fondre sur les langues de ceux qui ont une dent sucrée. Le matin du réveillon, je préparerai mes aubergines grillées qui s’ajouteront à la dinde, aux tourtières, au ragoût de pattes, au cipâte et aux fèves au lard, sans oublier les fleurons de brocoli légèrement braisés, servis avec une sauce secrète depuis toujours. Pour le réveillon de Noël, environ une vingtaine de personnes s’attableront dans ma grande cuisine et nous nous régalerons. Chaque fois, la magie s’installe.
Pour ce temps des Fêtes, que vous soyez entourés de votre famille ou de vos amis, je vous souhaite de vous retrouver avec le cœur et le ventre bien pleins. Les moments les plus heureux ne sont pas nécessairement les plus dispendieux. La magie des Fêtes opère lorsque nous passons du temps à créer des souvenirs avec les personnes qui comptent le plus, et que nous nous laissons aller à vivre l’émerveillement avec notre cœur d’enfant.
Joyeuses fêtes!
Cora
❤️
