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14 décembre 2025

Un rêve d'espoir à la mer

Chaque fois que je m’approche du bord de l’eau, peu importe à quel point l’étendue est vaste ou petite, je ne peux résister à l’envie de lancer une bouteille à l’eau. Après tout, c’est un moyen de communication comme un autre et, qui sait, peut-être qu’un jour, un beau prince des mers trouvera ma lettre dans son enveloppe de verre. Laissez-moi vous raconter la dernière fois où j’ai déversé mon cœur et mon espoir dans la mer.

En arrivant à Percé par un bel après-midi d’été, j’ai tout de suite eu l’idée de passer à l’action. D’autant plus que l’hôtel où je séjournais à deux pas de la mer m’avait placée dans une jolie chambre avec une grande porte-patio avec vue sur le fameux rocher. L’endroit était idyllique, des plus propices à écrire une missive à un potentiel chevalier servant. Qu’allais-je lui raconter? Tant d’océans pouvaient nous séparer, peut-être même des continents. Lui écrirais-je en français, en anglais, en grec ou en allemand? Devrais-je lui dessiner des cœurs rouges entrecoupés d’étoiles scintillantes?

Je devais réfléchir. J’ai traversé la pelouse de l’hôtel, puis j’ai marché quelques pas jusqu’à la grève. Assise sur une souche délavée, j’ai trempé mes pieds dans la mer. Dans le ciel, un millier de goélands aux becs jaunes virevoltaient et essayaient de me conseiller. Et voilà que la sagesse de l’eau m’a rappelé que j’avais déjà étudié la théorie de Platon sur le périlleux voyage des âmes sœurs. Le philosophe affirmait que les humains, tels que nous les connaissons aujourd’hui, ne seraient que des moitiés d’êtres incomplets cherchant continuellement à reconnaître et à attirer leur autre moitié d’eux-mêmes pour se sentir enfin contentés et heureux. J’hésite à croire à ce mythe philosophique, puisqu’en vérité, je n’ai pas encore rencontré ma véritable âme sœur. Mais chaque fois que je côtoie l’océan et que je me sens chez moi, je deviens plus audacieuse et l’envie me prend de lancer une bouteille à la mer. Qui sait ce qu’une gentille morue habituée aux profondeurs des mers pourrait faire pour moi?

De retour à la chambre, j’ai donc écrit un poème à mon chevalier des flots. Utilisant ma plume à l’encre rouge comme la passion, j’ai écrit vingt petites lignes sur un papier blanc. Un serveur de l’hôtel m’avait aimablement donné une bouteille vide de sauvignon blanc au bouchon qui se visse. Pendant que je réunissais mes mots sur la page blanche, la bouteille trempait dans l’eau chaude du bain. Après avoir terminé l’écriture, j’ai décollé les deux étiquettes de la bouteille, j’ai nettoyé sa surface, puis j’ai rincé son intérieur et l’ai minutieusement séché au séchoir. J’ai coupé une mèche de mes cheveux blancs que j’ai déposée sur le papier. J’ai enroulé le poème autour de mes cheveux et j’ai fait glisser délicatement mon espoir en papier dans la bouteille vert forêt. Le lendemain matin, avant de partir vers Gaspé, je me suis rendue à nouveau au quai de L’Anse-à-Beaufils avec le précieux voilier de verre. Tout était parfait et, le cœur rempli d’attentes, j’ai osé demander à un vieux marin s’apprêtant à quitter la rive de bien vouloir amener ma bouteille jusqu’au large et de la lancer à la mer. « Certainement! » Je n’oublierai jamais le sourire de ce gentil loup de mer qui s’empressa de prendre ma bouteille contre son cœur en me souhaitant qu’elle se rende à bon port.

Voici mon poème à mon âme sœur :
MON CŒUR DANS UNE PRISON DE VERRE
Je suis née en pleurant de vous avoir quitté
Là où nous étions amoureux et liés
Avons-nous traversé ensemble ce tunnel vers ici?
Par Zeus, me voici seule, interdite et punie
Mes yeux noyés de larmes vous cherchent à tâtons
Où êtes-vous? Dans quels étranges tréfonds?
Sont sortis de moi trois souffles nouveaux
Trois raisons de vouloir de meilleurs oripeaux
Je me suis débrouillée et pas mal, de surcroît
Accrochée à l’ouvrage, si loin de vos dix doigts
Vous êtes toujours là, dans ma tête, vous me cherchez
Moi, votre bien-aimée, votre belle et tendre moitié
Je vous devine loquace et serein à la fois
Entendez-vous de si loin mon cœur en émoi?
Je désire tellement reconnaître votre voix
Puissiez-vous me trouver aussi belle qu’autrefois
Mon cœur emmuré ratisse le fond des mers
Puissiez-vous trouver ma bouteille à la mer
Puissiez-vous fracasser cette prison de verre

Lorsque je songe à mon âme sœur, je perds la boule et mon intelligence cesse temporairement de fonctionner. J’imagine ma bouteille dériver, puis parcourir des milliers de kilomètres à travers les mers pour enfin voguer avant d’accoster sur une plage déserte où, par hasard, un vieux marin aux longues bottes cherche des moules pour son souper. Moi-même, vieillotte et rêveuse sur deux pattes, je demeure incapable de renoncer au grand amour. Je ferme les yeux. J’entends s’entrechoquer les coquilles de moules dans l’eau bouillante de la casserole. Je hume l’odeur du pain que mon galant héros a récemment mis au four. Dans son havre de paix, je cherche le tiroir à ustensiles, une nappe, deux grands bols et deux tasses. Quand il se tourne vers moi, des notes de musique s’échappent d’entre ses lèvres et une prose muette danse sur l’épais silence de notre ultime rencontre. Ses yeux scintillent comme des étoiles bleu-mauve. Ses mains représentent des plateaux d’abondance et sa voix me rappelle le doux chant de la baleine enjôleuse. Ses bras, forts et réconfortants, m’enlacent comme deux quais parallèles au milieu desquels je finis par accoster. Mon âme sœur sent la mer. Son cou craquelé ressemble à l’écorce des coquillages, et ses joues rappellent le bois de grève poli par les flots.

Je m’approche d’une fenêtre et l’océan pénètre dans mon cœur. Je désire ardemment retrouver cette bouteille à la mer et la lui remettre en mains propres. Je voudrais qu’il me reconnaisse et qu’il sache que je l’attends depuis toujours. Depuis toujours, l’amour court les rues et, pourtant, il est si difficile à harponner.

Cora
♥️

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