Voici une histoire que j’ai apprise entre les branches cabossées de notre arbre généalogique. Venus de la lointaine Belgique, les ancêtres Charles-Louis et Philomena Van Zandweghe ont traversé l’océan vers une nouvelle vie. Accompagnés de leur demi-douzaine d’enfants, de deux des frères de Charles-Louis et de quelques amis, dont deux religieux, un boulanger, un charpentier, un boucher, un notaire et des experts en filature du lin, ils ont fait le voyage pour s’établir dans l’arrière-pays gaspésien à la hauteur du village de Caplan. L’appel de l’aventure, la possibilité de posséder des terres agricoles bien à eux et la quête d’une vie meilleure encouragèrent le groupe de Belges à s’installer. Ils nommèrent vite l’endroit « Petite Belgique » et ensuite « Saint-Alphonse-de-Caplan ».
C’est à cet endroit que naquit l’héroïne de mon histoire le 1er octobre 1884, quelque quinze ans avant l’arrivée des Belges en sol québécois. J’imagine difficilement la psyché de cette petite fille condamnée à vivre très pauvrement sur une terre aride que les défricheurs de l’époque avaient baptisée le Calvaire. Ses idées, ses croyances et sa programmation mentale furent formées dans un village dont l’exploitation forestière constituait l’activité principale. Elle côtoyait des bûcherons, des cultivateurs, quelques enfants dans une école de rang, une maîtresse d’école et très probablement un curé.
Je donnerais toute ma sagesse au Bonhomme Sept Heures pour comprendre comment elle a fait pour devenir une jeune femme aussi admirable. Je détiens malheureusement trop peu d’information sur sa vie de l’époque pour en discourir à loisir. Ce n’est que lorsque les Belges arrivèrent que sa vie se transforma. Pour le mieux ou pour le pire, à vous, chers lecteurs, d’en décider!
Un dimanche sur le perron de l’église, un homme tiré à quatre épingles attira le regard de mon héroïne. Ça se voyait à l’œil nu que l’étranger venait d’ailleurs. La jeune femme se renseigna et apprit du bedeau qu’un paquebot venait tout juste de s’amarrer au grand quai de Bonaventure. « Encore une cargaison de Belges! », s’exclama-t-elle au bedeau.
Comme elle voulait se montrer à son meilleur pour revoir l’étranger, elle se confectionna une belle jupe plissée et un petit boléro à partir de la robe d’une grand-tante décédée. La femme avait hâte au dimanche suivant pour le revoir. Et patati et patata, quelques semaines plus tard, le mariage fut célébré le lundi 8 septembre 1913! La jolie mariée avait vingt-neuf ans et son beau George une année de moins.
Pour les besoins de l’histoire, appelons le mari, celui qui ne se salissait jamais les doigts, « Gros George ». Mon héroïne comprit rapidement que son homme préférait exhiber ses fringues dispendieuses plutôt que d’arracher à la main les mauvaises herbes du jardin. Gros George détestait le travail manuel. Cultiver la terre, charrier le bois de chauffage, nourrir les animaux; l’homme avait toujours une bonne raison pour se défiler. Il aimait aller au village, boire un gin chez l’épicier, mettre une lettre à la poste ou prendre deux heures pour choisir une belle morue… avec qui s’offrir du bon temps.
Tout ce que Gros George fit de bon fut de peupler rapidement la bourgade d’immigrants qui avaient de bons bras pour travailler. Convaincu qu’il faisait sa juste part d’efforts, l’homme engrossa son épouse huit fois en douze ans. Quatre garçons et quatre filles à nourrir. Il fallut donc agrandir la table de cuisine, quadrupler l’étendue du jardin, saigner trois cochons par été, saler sept à huit barils de morues, acheter un second cheval, deux nouvelles vaches, des poules couveuses, quelques chiens, une baignoire en métal et des tissus à bon prix pour vêtir la marmaille.
Mon héroïne pleurait en silence trop souvent, surtout lorsque Gros George picolait et voulait tremper sa bite là où il ne fallait plus. Qu’il pleuve ou qu’il vente à écorner les bœufs, la femme le fuyait. Elle cuisinait, cousait, lavait, nettoyait et sortait après souper pour sarcler son jardin. J’imagine son corps fatigué, déformé, son dos courbé, ses mains gercées, ses doigts fendillés déracinant les mauvaises herbes en priant le Bon Dieu pour que la terre puisse nourrir sa ribambelle d’enfants. Bien souvent seule dans le jardin à la brunante, elle confiait ses états d’âme à l’épouvantail à moineaux. Tout ce qu’elle aura semé, se dit-elle, les enfants le mangeront avec appétit et il en restera pour faire des conserves.
Fin septembre, la pauvre mère épuisée dut être conduite chez l’apothicaire du village voisin. Elle avait chuté en transportant un immense seau d’eau bouillante pour le bain de Gros George. Ses bras, son ventre et ses jambes ébouillantées et brûlantes la faisaient souffrir. Elle avait besoin d’un onguent. On lui offrit un tabouret et elle patienta. Elle entendit surtout quelques mâles parler des mines d’or de Timmins, en Ontario. Beaucoup d’hommes, jeunes ou vieux, mais en santé, s’y rendaient pour gagner du bon argent. La conversation n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Elle qui travaillait si fort! Ses quatre garçons deviendraient des mineurs, se dit-elle, et ses quatre filles l’aideraient à ouvrir un restaurant pour les travailleurs de la mine.
Quelques jours plus tard, la femme se confia au curé de la paroisse. Elle avait un plan en tête. Elle partirait pour l’Ontario avec ses garçons en âge de travailler dans les mines. Elle et ses filles ouvriraient un restaurant pour nourrir les mineurs. « Faites-en des pêcheurs, des cultivateurs ou des curés!, rétorqua l’homme en soutane noire bien pressée. Dieu a besoin d’intermédiaires ici-bas pour sauver les âmes. » La mère de famille n’ajouta mot. Elle remercia le curé pour ses bonbons forts et lui dit adieu.
Quant à Gros George et ses nouvelles fringues de prince consort, plus il vieillissait, plus il détestait Saint-Alphonse-de-Caplan. Lorsque son épouse lui suggéra d’aller visiter ses cousins curés au Rhode Island, il sauta sur l’occasion pour s’évader. Il devait être loin de se douter de ce que son épouse manigançait.
Peu de personnes remarquèrent le départ incognito de la femme et de ses huit enfants. Ils se rendirent d’abord à Montréal et embarquèrent dans un train qui les mena jusqu’à Timmins. En arrivant à destination, mon héroïne bouillait d’enthousiasme. Le surlendemain de leur arrivée, elle zieuta une grande maison abandonnée à courte distance du complexe minier. Devant le notaire, la mère prévoyante tâta son bas de laine et offrit la moitié du montant demandé. Les garçons entrèrent à la mine et les filles aidèrent leur mère en cuisine et au service.
Rapidement, le commerce devint très florissant grâce aux talents culinaires de la mère et aux faveurs particulières que les serveuses conciliantes accordaient aux meilleurs clients, moyennant une rétribution, dans les chambres à l’étage.
Oui, oui! C’est donc ainsi qu’après mille misères, mon héroïne tenancière de bordel, et restauratrice, s’était enrichie. J’ai souvent voulu raconter son histoire, mais chaque fois, j’hésitais. J’avais honte qu’une vieille femme de ma lignée ait eu recours à des « faveurs particulières » pour gagner sa croûte. Cette femme est morte à Kapuskasing en Ontario le 5 juillet 1967, alors que je venais tout juste d’avoir vingt ans.
Elle aussi s’appelait Cora.
Elle était la mère de mon père.
Et mon audacieuse grand-mère.
Cora
❤
Dans les Laurentides où je demeure depuis plus de trente-deux ans, les canicules estivales, puis les nuits fraîches de l’automne, ont rougi les pourtours de nos montagnes. Pour l’instant, nous vivons dans une galerie d’art comparable au Louvre de Paris. Je sais pourtant qu’au début de novembre, un peu partout sur nos devantures de maison, des citrouilles massacrées agoniseront en silence, des araignées géantes se tisseront des échelles pour descendre des gouttières et des serpents mordorés claqueront des dents en s’enfuyant d’en dessous de nos galeries.
Puis la froidure s’installera, le blanc de l’hiver couvrira la terre et, incessamment, le moment s’imposera de penser aux festins du temps des Fêtes. Je m’y vois déjà : je m’installe à l’immense table de la cuisine avec mon grand tablier blanc attaché sur une veste immaculée, les manches retournées, les cheveux cachés, des souliers confortables, de la musique baroque et un thermos de café brûlant.
Quand le moment de cuisiner mes feuilletés aux épinards sera enfin arrivé, je déposerai sur la table un immense bol dans lequel je mélangerai tous les ingrédients pour faire la pâte phyllo. Je cuisine cette recette depuis plus de 50 ans et, sans rien mesurer, je sais que la pâte malaxée donnera cinq grandes tôles rondes de 15 pouces de diamètre et d’un pouce et demi de hauteur. Au pif, quelque 20 morceaux de délicieux feuilletés par tôle.
Voilà comment ça se passe chaque fois. Dans le gros bol, je mets de la farine blanche, du shortening végétal de la marque Crisco, des œufs battus, une fine pluie de sel et du « Seven Up » pour lier le tout en malaxant la pâte à la main. Plus mes précieuses mains s’affairent dans le bol et plus le mélange devient doux et docile. Je la divise en 25 petites boules de la taille d’une orange et, avec le rouleau à pâte, j’étends chacune d’elles en une feuille à la grandeur d’une assiette d’environ 9 pouces. Avec un pinceau, je beurre chaque feuille à profusion et reforme chaque boule pour qu’elles reposent. Pendant ce temps, je sors mon gros chaudron pour pocher rapidement 25 sacs d’épinards du commerce, puis je les essore méticuleusement. Dans une grande poêle, je les fais rissoler avec un peu de beurre, des échalotes et beaucoup d’aneth. Lorsque le mélange a refroidi, j’ajoute une bonne quantité de feta râpé grossièrement.
J’en suis à mon troisième café lorsqu’arrive le plus laborieux du travail. Il s’agit de reprendre chacune des 25 petites boules bourrées de beurre et de les aplatir une deuxième fois avec le rouleau à pâte jusqu’à ce qu’elles atteignent la dimension des grandes tôles.
Dans chaque tôle bien beurrée, je dépose une première feuille ronde que je badigeonne de beurre. Puis une deuxième badigeonnée et sur la troisième feuille, j’étale uniformément un cinquième du mélange d’épinards-feta sur toute la surface. Je recouvre ensuite le tout avec la quatrième feuille généreusement badigeonnée et finalement la dernière feuille, celle du dessus, qui devra être outrageusement beurrée. Comme c’est une pâte phyllo maison, mieux vaut utiliser du vrai beurre.
Avant d'enfourner les tôles, je coupe les morceaux en carrés d’environ deux pouces et les recoupe lorsqu’ils sortent du four pour éviter de les briser. Comme mes tôles sont rondes, plusieurs morceaux sont inégaux.
Je me souviens tellement du temps où mes ados tournaillaient dans la cuisine, attirés par l’odeur enivrante des feuilletés tout juste sortis du four. Sous prétexte de prendre les morceaux biscornus, ils vidaient un tiers de la grande tôle avant qu’elle ait le temps de refroidir.
On peut congeler les tôles de feuilletés non cuits, ou cuits puis refroidis, sans problème. Je m’empresse de les mettre au congélateur si je veux qu’il en reste pour le temps des Fêtes! Bénies soient mes mains vaillantes, car presque tout le monde adore les feuilletés aux épinards!
Cora
❤
Moi qui raffole des magazines, dernièrement, j’en ai découvert un nouveau. Oui, oui! Le « Bel âge » s’avère hyper intéressant! Il ne s’agit pas d’une nouvelle publication, mais je ne l’avais jamais réellement lue. Et savez-vous quoi? Comme j’en ai parlé à ma très bonne copine, professeure de littérature à la retraite avec qui je partage mes matins au café du village, elle m’a gentiment offert une grosse boîte d’anciens et de plus récents exemplaires du Bel âge. Quel immense bonheur! Trente-huit éditions que je feuillette avec grand intérêt lorsque l’ennui me tiraille.
En interrogeant Google, j’apprends que le magazine Bel âge a été fondé par Francine Tremblay en 1987; l’année, chers lecteurs, où j’ai moi-même démarré en affaires avec l’ouverture de mon premier petit restaurant Cora. Coïncidence? À cette époque, j’étais tellement occupée à créer un extraordinaire concept de déjeuner que je ne m’arrêtais pas même une minute pour lire sur quoi que ce soit d’autre que des recettes et des bouquins à propos du développement des affaires. Pendant près de deux décennies, ma tête et mon cœur s’affairaient à planter plus d’une centaine de maillons d’une grande chaîne de restaurants Cora à travers notre immense pays.
Bref, revenons au fameux magazine Bel âge, surtout à la page où une personnalité connue énumère dix choses qu’elle aime beaucoup. Je badine, je rigole et, comme on ne m’a pas encore choisie pour répondre aux dix questions, j’ai décidé par moi-même d’énumérer dix choses que j’aime beaucoup!
1) Un moment inoubliable
L’accouchement du premier enfant de ma fille. Ce matin-là, pleurant comme une madeleine de peur et de joie, je tenais sa main, je voulais prendre sa place. Lorsque la minuscule tête touffue émergea du corps de ma fille, mon cœur tambourina de fierté. Je tenais un tout petit garçon dans mes bras. Aujourd’hui, ce merveilleux jeune homme de 26 ans soupe occasionnellement avec sa grand-maman.
2) Une adresse gourmande
À Saint-Sauveur, dans les Laurentides, il existe une perle de restaurant asiatique sur la rue Principale nommée La Tonkinoise. Tous mes amis en raffolent et j’y mangerais chaque midi ou chaque soir. Les rouleaux printaniers sont divins, les grosses soupes sont aphrodisiaques, l’assiette de général Tao est succulente et le Pad thaï aux crevettes est mon plat de prédilection. Le restaurant n’est pas très grand, mais, en été, une immense terrasse contente tout le monde.
3) Ma prochaine destination voyage
Croyez-le ou non, je rêve de visiter l’île de Crète, la plus grande île de Grèce, enorgueillie de ses paysages impressionnants, ses baies pittoresques, ses nombreuses plages et une mer turquoise. Toute seule ou avec un chéri, peut-être pourrais-je m’y réconcilier avec l’époque où je vivais dans un petit village grec, avec mes trois jeunes enfants, une belle-mère, une belle-sœur et un affreux mari.
4) Ce dont je ne peux me passer
Je ne peux me priver de mes trois ou quatre cafés chaque matin et d’un ou deux autres vers seize heures en revenant à la maison. Mon bon ami Claude me chicane à l’occasion. Pour atténuer les dommages, si dommages il y a, j’ai commencé à me permettre, ici et là, de boire un petit verre de jus d’orange en soirée. Oui, oui! Pendant toute la période où j’ai bossé dans les restos, j’interdisais formellement à tous, y compris à mes enfants et à notre personnel, de boire cet élixir puisqu’il s’avérait cher. Nous pouvions boire du café et des boissons gazeuses, mais pas du jus d’orange!
5) Quelques importantes sources de bonheur
Mes trois enfants, leurs six rejetons et mes deux arrière-petits-fils.
Le succès de notre entreprise et notre fidèle personnel.
Mes incomparables amis!
Mon besoin d’écrire chaque matin.
Ma Mini Cooper qui se laisse conduire partout où je veux aller.
Tous les murs de ma grande maison remplis de livres.
Les fleurs sauvages sur mon terrain avec lesquelles j’assemble de magnifiques bouquets en été.
6) Une photo préférée dans mon cellulaire
Il y en a tellement! En voici une récente : celle de mon arrière-petit-fils (trois ans), équipé pour sauter dans la piscine de son arrière-grand-maman! Tous les dimanches de l’été, papa, maman et les deux petits frères plongent dans l’eau, rient et nagent comme de véritables poissons tandis que je me cache sous le parasol. Clic, clic, des dizaines de photos à revoir en hiver.
7) Une lecture inspirante
Le livre « Comme par magie » d’Elizabeth Gilbert que je me suis empressée de lire dès sa publication en janvier 2016. Il m’arrive souvent de relire certains chapitres juste pour encore apprendre à écrire. Depuis près de dix ans, des dizaines de milliers de lecteurs à travers le monde ont été inspirés et influencés par cette auteure. Cet ouvrage sert à démasquer nos dons et nous encourage à aller à la recherche de notre propre créativité en laissant de côté nos souffrances superflues. Apprendre à écrire est une bénédiction d’en haut.
8) Un mets préféré
Depuis quelques années, tout doucement, j’ai délaissé la viande sans aucune raison précise. Née en Gaspésie, j’ai été habituée à manger du poisson cinq à six jours par semaine. Adolescente, lorsqu’un vieux cousin ou grand-père Frédéric m’amenait pêcher dans sa barque, je ne tenais plus en place en lançant ma ligne. Si j’attrapais quelque chose, une belle grosse morue, un crapet-soleil ou une barbotte brune, je jubilais. Aujourd’hui, vieillotte, je raffole encore du poisson : saumon, morue, crevettes, pétoncles, pattes de crabe et homard en saison. J’adore aussi le saumon fumé avec un trait d’huile d’olive et des câpres.
9) Quelques magasins chouchous
Magasiner chez Winners, parce que ça me fait marcher! Même si mes garde-robes sont pleines, j’aime bien m’y rendre puisque c’est bon pour mes jambes et doux sur mon portefeuille. J’adore aussi me rendre à la bouquinerie de livres usagés de Saint-Sauveur, un de mes endroits préférés. Je m’extasie devant l’étagère de livres de poésie qui me donne l’impression de me trouver devant un étalage de bonbons. J’y déniche des trésors de roman, des ouvrages pratiques et des chefs-d’œuvre, comme « Les mots de ma vie » de Bernard Pivot, l’homme de mes rêves. J’adore encore et toujours fouiner au marché de Val-David en été. Chaque fois que je m’y rends, je découvre un nouveau produit gourmand : un caramel au chocolat, un pain truffé de noisettes et, pour dîner, une délicieuse crêpe de sarrasin.
10) Un très précieux souvenir
Il y a quelques années, une lecture m’a amenée à visionner le film japonais AFTER LIFE, sorti en 1998 et réalisé par Hirokazu Kore-eda. Ce film pose de véritables questions existentielles. « Si vous pouviez garder un seul souvenir à apporter dans l’au-delà, lequel serait-ce? » Que feriez-vous s’il y avait une vie après la mort et que tous vos souvenirs étaient effacés sauf un? Quel souvenir choisiriez-vous de conserver avec vous dans l’éternité? Qu’est-ce qui compte le plus pour moi? Quel unique souvenir garderai-je dans ma mémoire pour l’éternité? Dans le film, des personnes qui viennent de mourir se retrouvent dans un endroit, entre ciel et terre, dans les limbes je suppose, où on leur accorde une semaine pour déterminer quel seul et unique souvenir de leur vie passée elles désirent apporter dans l’éternité. Le film met en scène et enregistre le souvenir que chaque personne a choisi et qu’elle pourra visionner en tout temps par la suite.
Je n’arrive pas à choisir! Et vous?
Cora
❤️
J’ai si peu, si peu de regrets. À vrai dire, je n’en ai qu’un seul, mais il s’avère plus gros que la plus grosse montagne du monde. Vous qui me connaissez si bien maintenant, vous devez vous en douter. Ce seul regret, que j’ai passé ma vie à essayer d’oublier, c’est d’avoir accepté d’épouser cet homme qui m’avait vite séduite et engrossée; devenant le père de mes trois enfants. Notre union et mon calvaire auront duré treize longues années jusqu’à ce que je trouve le courage de m’enfuir du logis avec mes trois petits. Ce matin, pour la dernière, dernière fois, je ressasse cette époque et je vide mon sac. J’assèche mes larmes. Je veux clore ce douloureux chapitre.
Pour commencer, ses deux frères ont migré dans notre magnifique pays les premiers, travaillant d’abord comme laveurs de vaisselle dans un restaurant, puis apprentis cuisiniers, et éventuellement comme cuisiniers. Deux ou trois années plus tard, chacun d’eux devenait patron de son propre restaurant.
Le héros de notre histoire, cet homme venu d’ailleurs et qui se croyait être un de ces dieux mythiques de l’ancienne Grèce que le peuple vénérait jadis, fut le troisième et dernier de la fratrie à mettre le pied en sol québécois. Venant tout juste de terminer son service militaire grec, le bel Adonis refusa catégoriquement de laver de la vaisselle ou, pire, de cuisiner. Ce jeune fringant insista auprès de ses frères pour devenir patron. C’est donc ainsi, avec son grade de colonel et sa belle gueule d’acteur de cinéma, qu’il s’empara du troisième restaurant que ses deux aînés convoitaient. Les deux restaurateurs ont avancé l’argent nécessaire au plus jeune qui insista pour changer le nom de l’établissement en le nommant « Toison d’or ». Allait-il se remplir les poches d’or, lui qui en rêvait infiniment?
Moi, la jeune fille qui avait fait de grandes études classiques et qui se retrouvait déjà avec un poupon accroché à son sein, je savais que cet Adonis ne s’enrichirait guère. Il exigeait que je lui prépare cinq ou six cafés d’affilée qui refroidissaient avant qu’il puisse se lever. Lui qui dormait jusqu’à midi, arrivait à son resto après l’heure de pointe du lunch. Il s’y rendait surtout pour ouvrir la caisse enregistreuse et s’emparer des gros billets. J’avais vitement appris à le connaître. Quelquefois, il rentrait les poches pleines, alors qu’en d’autres occasions, ses dettes de cartes m’empêchaient d’acheter une pinte de lait.
Cela avait aussi pour effet de nous faire déménager quasi aussi souvent qu’il changeait de chemise; ses amis l’aidaient, mes petits pleuraient à l’idée de quitter un jeune voisin. Il m’arrivait de devoir assécher le plancher de la cuisine lorsqu’un orage tambourinait sur le toit troué du logis. Toutes ces années noires vécues dans des logements miteux où nous cohabitions avec des bestioles, je les ai passées avec cet incommensurable besoin d’amour que mon cœur affamé ressentait.
« Dimanche, pourrions-nous aller chez grand-père? », demandait le plus vieux. L’ogre trouvait toujours un prétexte pour aller ailleurs. Il prétendait que nous le visiterions d’ici une semaine ou deux, mais l’automobile n’a jamais pris la route vers la maison de mes parents. Pour distraire les enfants, il promettait des sorties, mais il ne nous a même jamais amenés piqueniquer sur le Mont-Royal.
Le poulet cuisait et mes larmes salées bien souvent l’aromatisaient. Assise sur le petit balcon avec mon thé refroidi, j’essayais d’interroger le maître d’en haut pour comprendre mon sort. Était-ce la conséquence à endurer pour avoir commis le péché avant le mariage? J’avais vécu la procréation de mon premier enfant sans même savoir que ce que l’homme me faisait ce soir-là était en fait le fameux péché de la chair.
Durant toutes ces années de mariage, mon âme souffrait, mon cœur s’imaginait enchaîné à perpétuité. Je n’ai jamais su ce que signifiait le mot « amour », sauf lorsque je tenais mes bébés dans mes bras.
J’aurais voulu décrire mon chagrin avec de vrais mots, une plume et de l’encre, mais tout cela m’était strictement défendu. Cet ogre venu d’ailleurs m’interdisait de lire et d’écrire. « Les femelles, disait-il, ne sont que les servantes du maître de la maison ». Émaciée, piétinée, souvent évidée de tout sentiment, je voguais à la dérive telle une épave entre deux ouragans de larmes.
Pendant mes années avec lui, je n’ai jamais ri de bon cœur, visité mes parents, conduit l’automobile, été au cinéma, ou même rougi mes lèvres ou bleui mes paupières. Affamée de tendresse, je suppliais cette aride vie de me prendre dans ses bras. Au lieu de me dire des mots doux, l’ogre me gavait de ses fredaines, comptant devant moi le nombre de femmes qu’il avait honorées. Moi la servante, moi la chose, moi la fente. Sans le vouloir, je devais lui ouvrir lorsqu’il cognait. Mon corps saignait, mon cœur pleurait.
Lorsqu’il sortait le soir, attifé de ses plus belles fringues, mon pauvre cœur tantôt mollissait, tantôt durcissait. Je le trouvais tellement beau. Tant de fois, mon cœur passait de la joie à la peine, mon corps oscillant entre vivre et survivre. Il suffisait d’un seul mot de travers ou d’une seule phrase écrite quelque part pour que la peur que l’ogre me frappe s’installe.
…
J’ai écrit les lignes plus haut il y a un bon moment déjà. Je souhaitais me départir de ces vieilles blessures et enfin les laisser aller aux quatre vents avant que mon âme ne s’envole.
Entretemps, le père de mes enfants est décédé. Il a probablement rejoint les anciens dieux de l’Olympe. Je me questionne à savoir si ce que je vous ai révélé à propos de lui et de notre mariage lui fermera les portes du paradis. J’espère que non. Même s’il a été la cause de plusieurs de mes malheurs, c’est grâce à lui si je vis aujourd’hui entourée de mes enfants, de mes petits-enfants et de mes arrière-petits-enfants.
J’espère que son âme trouvera la paix que notre mariage n’a jamais connue.
Qu’il repose en paix.
Cora
♥️
Franchises Cora Inc., chef de file des déjeuners au Canada, annonce avec fierté que la bannière comptera deux nouveaux restaurants dans l’Ouest canadien. Cette fois-ci, ce sont les villes de Medicine Hat en Alberta et de Brandon au Manitoba qui font rayonner le soleil Cora.
En juillet dernier, le restaurant de Medicine Hat a été inauguré. Il s’agit du vingtième restaurant à voir le jour dans la province de l’Alberta.
D’autre part, le restaurant de Brandon, quatrième établissement Cora au Manitoba, a ouvert ses portes en novembre dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec plus de 125 franchises, les restaurants Cora continuent d’offrir un menu diversifié de déjeuners et dîners colorés et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
Les restaurants Cora sont fiers d’annoncer que la marque devient désormais un partenaire de choix de la compagnie aérienne WestJet. En effet, le transporteur canadien offre dorénavant le déjeuner Cora dans sa cabine Privilège à bord de ses vols matinaux. Il s’agit d’une délectable marque de confiance à l’égard notre entreprise, la pionnière des restaurants de déjeuners au Canada!
WestJet propose, depuis le 26 juin, un déjeuner Cora sur la plupart de ses vols d’une durée de deux heures et demie et plus. Les plats offerts sont inspirés des repas déjà prisés des mordus des déjeuners Cora : les oeufs Ben et Dictine à la dinde fumée, la Cassolette de légumes et l’Omelette au cheddar vieilli et aux épinards avec saucisse à la dinde.
Il s’agit d’une savoureuse opportunité pour Cora déjeuners d’accroître sa notoriété et de faire découvrir son menu auprès d’un public voyageur en donnant aux passagers de WestJet la chance de savourer un déjeuner Cora dans la cabine Privilège du transporteur.
Bon voyage!
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer qu'un autre soleil s'ajoute à sa bannière dans l'Ouest Canadien. Cette fois, c'est la ville de North Vancouver qui a vu le soleil se lever.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors de la Grande ouverture. C'est lors de cette célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Cette nouvelle franchise fait partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 10e restaurant Cora en Colombie-Britannique pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec plus de 130 franchises en fonction, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.
L’année 2019 en est une de développement pour Franchises Cora inc., le chef de file canadien des déjeuners. L’entreprise fait rayonner son soleil symbolique dans les plus grandes villes au pays!
Deux autres restaurants ont ouvert leurs portes en mars. Comme dans bien des cas chez Cora, il s’agit d’une aventure familiale. Ainsi, le restaurant du quartier St. Vital, à Winnipeg, est géré par un couple de franchisés qui est tombé sous le charme des restaurants Cora, de leurs menus colorés et de tous les plats joliment agrémentés de fruits.
La plus récente ouverture est celle du second restaurant situé à Regina. Le franchisé a d’abord ouvert un premier Cora en novembre 2018. Fort de cette aventure, il s’est lancé dans le développement de son deuxième restaurant et a ouvert les portes de celui-ci le 18 mars dernier.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Avec 130 restaurants en activité, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners et poursuit sa mission d’offrir une nourriture et un service de qualité dans une chaleureuse atmosphère familiale.
Le leader canadien des petits-déjeuners ouvre deux nouveaux restaurants
Franchises Cora inc., le chef de file canadien des petits-déjeuners, est fière d'annoncer l'ouverture de deux nouveaux restaurants dans l'Ouest Canadien. L'Alberta a accueuilli un nouveau soleil Cora au centre-ville d'Edmonton alors que la Colombie-Britannique a célébré l'arrivée du restaurant dans la ville de Surrey.
La grande pionnière et fondatrice, Cora Tsouflidou, était de la partie lors des deux Grandes ouvertures en compagnie de différents dignitaires, influenceurs locaux et invités. C'est lors de cette grande célébration qu'elle procède à la Cérémonie de la Première omelette, une tradition par laquelle la première omelette du restaurant est réalisée de manière tout à fait symbolique.
Les deux nouvelles franchises font partie du plan d’expansion pancanadien de la compagnie québécoise. Il s'agit du 9e restaurant Cora en Colombie-Britannique et du 18e en Alberta pour la plus grande chaîne de restaurants de déjeuners et dîners à travers le pays.
Avec 130 franchises en opération, Cora continue à offrir une gastronomie matinale spécialisée en déjeuners : une nourriture et un service de première qualité, le tout dans une chaleureuse atmosphère familiale.