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11 février 2024

Ce fameux 14 février

Beau temps, mauvais temps,
à la boulangerie où j’écris,
des hommes magnifiques
traversent l’endroit pour un café.
Affamés, intrigués, maladroits,
ils sourient, zieutent les viennoiseries
et commandent leur café,
le plus souvent pour emporter.
De silencieuses pensées volettent
à petits coups d’ailes et plongent
dans la mousse des doubles lattés.

De loin, mon cœur de jeune poulette
tournaille et sautille telle une girouette.
Le vent souffle et j’imagine
tous ces beaux hommes projetés à ma table,
leurs yeux noyés dans les miens.

Tout l’été, jusqu’à l’automne avancé,
il y eut cet homme déguisé en golfeur
venant chaque jour vers dix heures.
Je le regardais, je le trouvais si beau!
Son sourire me parlait.
Penchée sur mon clavier
telle une nonne en prière,
j’attrapais ses chaleureux bonjours.
Je ressuscitais de nouveaux mots,
juste pour, un jour, lui écrire.

Passe et passe le temps
et l’automne s’endort.
Les grands vents de l’hiver
amènent neige et froid
et ce fameux 14 février.

Tous les sapins de mon village
s’agenouillent sur un tapis blanc.
Pour sûr, ils prient pour moi.
Pour ma tête enrubannée d’espoir.
Pour mon cœur assoiffé d’amour.

Je réfléchis à ce que j’écris,
je lève les yeux et voici que je le revois.
L’homme de mes rêves entre dans le café
habillé d’un splendide complet laineux.
Mon cerveau s’agite, mon cœur s’enflamme,
mes doigts figent sur le clavier.

Lorsque l’homme qui me regarde me sourit,
j’ai envie d’arrêter l’aiguille du temps.
Cet homme de mon âge assagi,
me dira-t-il quelques mots?

Remplies de pattes de mouche,
mes pages implorent le printemps,
le sec des immenses gazons,
le chant joyeux des pinsons.

Toujours, toujours, mon cœur espère.
Je rêve de succomber à la tentation
des petites balles blanches atterries dans ma cour,
des grands lattés avalés sous l’érable argenté.

J’imagine sa carrure,
sa poitrine accueillante.
Ses bras si forts, si longs,
ses jambes musclées,
enrobées de caramel exotique.
Ses yeux bleu mauve magnifiques.
Ses joues, des pommes rouge-rose
que j’aimerais tellement croquer!

Je rêve, je fabule, j’imagine sa tête
remplie de tournesols géants.
Sa chevelure gris-blanc, bouclée,
entremêlée à mes couettes laquées.

« Vingt mille lieues sous les mers »
Je badine, je rigole.
J’invente un quatorze février
pour tous les êtres esseulés.

CORA
❤❤❤

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