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27 octobre 2023

J'ai peur des serpents

Toute petite à Caplan lorsqu’il fallait se baigner dans la baie des Chaleurs, j’avais tragiquement peur des anguilles. Mes petits pieds s’enfonçant dans le sable rouge, j'étais terrifiée! « Peureuse, me criait frérot, cours et jette-toi dans l’eau! », dans l’eau glaciale de la Gaspésie, même en juillet. Quelquefois, papa nous amenait sur le quai pour pêcher. Quelle horreur! Les anguilles dans la mer et des vers de terre hermaphrodites se trémoussant dans une canisse. Ouache!

Déménagée en banlieue de Québec, je me souviens de l’amie Diane. Chaque matin, nous nous attendions pour partir ensemble vers l’école en traversant un immense champ. Je n’oublierai jamais ce fameux mercredi où Diane fut absente. Ses parents enterraient la grand-mère et je dus traverser toute seule le long sentier menant à l’école. En revenant à la maison, à mi-chemin, voilà que devant moi un serpent s’immobilise et mon cœur arrête de battre. C’est la première fois que j’en vois un vivant, à peu près long comme ma règle de 12 pouces. J’ai figé sur place. J’avais l’impression qu’il me dévisageait, qu’il allait sauter sur moi, s’enrouler sur ma jambe et grimper dans mon cou. Mais au lieu de s’approcher, le reptile, sans bras ni pattes, commence à onduler, à grouiller par petits mouvements oscillatoires lui permettant d’avancer. Il quitte le sentier de terre et s’enfuit dans les hautes herbes. Ouache!

Plus tard, mariée et mère de trois enfants, en voulant passer la balayeuse dans la garde-robe de mes deux garçons, je découvre un gros sac brun qui semble bouger. Prenant mon courage à deux mains, j’imagine un petit chat, un lapin sauvage, une souris captive ou un nid d’oisillons. J’ouvre le sac et mon cœur s’arrête. Quatre, cinq ou six serpents sont entortillés comme une masse vivante et menaçante. J’avais 26 ans et j'avais encore peur des serpents.

Aujourd’hui, 50 ans plus tard, je visite la nouvelle acquisition de la fille d’une bonne amie; une magnifique maison ultramoderne, située dans une banlieue cossue. Caroline, une psychothérapeute réputée, se fait un plaisir de nous montrer sa demeure. Wow! Le vaste salon, la cuisine de rêve, le gym bien équipé, la piscine intérieure et patati et patata. Nous montons à l’étage. Une chambre pour sa mère, une chambre d’invités et l’immense chambre de la maîtresse de maison.
-Wow, Caroline, tout est magnifique!
-Entre dans ma chambre me dit-elle, tu n’as pas vu le plus beau.

Effectivement, je ne vois que le gigantesque tapis en laine rose bonbon et j’imagine le confort pour mes vieux pieds. Caroline insiste pour me conduire vers sa grande fenêtre panoramique. Elle veut me montrer le bouquet de ses trouvailles. Je penche la tête et je vois un grand terrarium vitré dans lequel trois gros serpents s’amusent à grimper l’un sur l’autre.  Je risque de tituber.

-Ce sont mes bébés chéris, des pythons royaux, aussi doux que des agneaux! Ils ont presque 4 ans. Veux-tu en prendre un et le caresser un peu? C’est thérapeutique.

Mes jambes mollissent, ma charpente chancelle, je suis à une seconde près de m’évanouir. J’imagine les serpents glisser sur mon ventre, entourer mon cou ou descendre dans mon dos. Étendue de tout mon long sur le tapis rose, des petits bouts de laine bloquant mes narines, je suffoque! Mon corps brûle de peur.

Haute sur ses talons, la psychothérapeute me cherche un quelconque état de détresse. Je lui crie que j’ai juste peur des serpents, une peur bleue depuis l’enfance!

Préparez-vous, chers lecteurs. Le 31 octobre prochain, des serpents grimperont dans les arbres! Ils nageront dans les gouttières des maisons, danseront sur les garde-fous et peut-être entreront-ils dans les cheminées?

Pour éloigner tout serpent aussi loin que possible de moi, je vais donc me déguiser en invincible soldate, en sorcière malveillante aux longs doigts squelettiques et bec de rapace falconiforme.

WHOU-OU-OU-OU-OU-OU-OU. JOYEUSE HALLOWEEN!

Cora
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