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4 décembre 2020

La curiosité : Une époustouflante meilleure amie!

Une amie marchant dans mon ombre, pensez-vous?

Eh bien non! Dix pas en avant, toute ma vie, la curiosité m’a ouvert un chemin menant à mille découvertes. Et pourtant, ce n’est qu’aujourd’hui, vieillotte aguerrie, que je réalise à quel point elle me fut précieuse; à quel point elle a servi toutes mes ambitions. Et ce matin, je dois fouiller creux pour me souvenir de ses bienfaits. Nous oublions tellement vite les bonnes choses qui améliorent notre quotidien et peaufinent nos personnalités.

Je me rappelle, dans la petite cuisine de Caplan, pendant des heures je regardais ma mère découper dans un vieux drap blanc de longues bandelettes de tissus avec lesquelles elle allait ensuite enrouler chacun de ses doigts craquelés d’eczéma et, certains jours, rougis de sang à force de les avoir grattés. Je l’ai vue tellement de fois tremper ses mains dans l’eau bouillante pour apaiser son mal. Et pourtant, ses mains momifiées tranchaient le poisson, pilaient les patates, façonnaient à la fourchette les croquettes de morue et brassaient la sauce aux œufs du vendredi.

– Frérot, les petites truites que nous attrapons dans le ruisseau, sont-elles les enfants des grosses morues?

– Eeeee

– Maman, ça vient d’où l’eczéma?

– Mange ta soupe ma Coco, répondait mon père.

Et en 1960, c’était la même chose chez les Sœurs de Sainte-Anne. Autant elles aimaient mon immense intérêt pour apprendre, autant leurs réponses à mes questions étaient vagues et imprécises.

– Sœur Pauline, pouvez-vous m’expliquer l’Immaculée Conception de Marie?

Et c’est ainsi, innocemment, qu’en me privant de réponses tous ces êtres du passé ont aiguisé mon immense appétit de connaissances. Je ne savais pas, à l’époque, que déjà la curiosité s’était emparée de moi. Après le mariage raté, j’ai foncé tête première dans la restauration et vitement dans le monde des affaires. Et c’est dans cette arène que la curiosité s’est manifestée le plus.

Chaque soir, je vous en ai déjà parlé, je m’endormais avec un livre sur le front. De recettes québécoises au début, puis tranquillement, avec n’importe quelle publication sur la nourriture et plus spécialement sur le premier repas de la journée. La curiosité me permettait d’élargir mes horizons; de découvrir de nouveaux produits, de nouveaux procédés, et mille et une nouvelles façons de mieux faire mon travail.

Novice en la matière, j’étais tellement ouverte aux nouvelles expériences, à l’amélioration des denrées matinales et surtout aux façons inusitées de servir les déjeuners. Je l’avoue humblement, c’est grâce à notre curiosité quotidienne que nous avons pu, en 1987, transformer un petit casse-croûte de quartier en un tout nouveau concept de restauration matinale. Un concept imité depuis des centaines de fois.

Plusieurs s’imaginent que la curiosité est un vilain défaut, que poser trop de questions est inapproprié. En ce qui me concerne, être curieux, c’est vouloir s’améliorer; sortir de notre petit confort et risquer d’accroître nos connaissances. Ça demande de l’audace, du courage et de la vaillance.

Moi qui pleurais d’avoir abandonné mes études, la curiosité a fait de moi une éternelle étudiante. Elle m’a amenée partout où j’avais intérêt à apprendre. J’ai alors découvert l’abondance et l’importance du goût en Italie, l’inusité dans les campagnes de Chine, l’impeccable propreté du Japon et, en France, la célèbre tourneuse d’omelettes chez la mère Poulard. Et ensuite la Bretagne pour goûter aux crêpes ultraminces et la Scandinavie pour manger du délicieux saumon fumé matin, midi et soir.

Je n’ai jamais été une fin finaude prétendant tout connaître. Tout spécialement en affaires. Et c’est probablement dans ce domaine que la curiosité m’a été la plus précieuse. Malgré le travail quotidien en resto, je trouvais toujours le temps de lire les journaux pour apprendre qui faisait quoi, qui achetait quoi et qui perdait quoi. Lorsqu’on m’a demandé une franchise pour la première fois, j’ai tout lu sur le sujet. Et j’ai commencé à lire les biographies des grands fondateurs d’entreprises.

C’est ainsi que des centaines d’histoires susceptibles d’influencer mon propre leadership ont pris le thé avec moi dans ma tête. Et je gardais les meilleures, inscrites à jamais sur les murs de ma caboche : Isaac Singer, Soichiro Honda, Henry Ford, Sam Walton et, bien entendu, le célèbre Ray Croc qui ouvrit, en 1955, le premier établissement franchisé des frères McDonald.

Je ne savais pas encore que nous bâtirions un grand réseau, mais pierre après pierre, j’affermissais ma confiance; je cimentais mon audace; j’emmagasinais des connaissances qui s’avérèrent primordiales à la bonne gouverne de nos affaires.

Aurai-je donc raison de dire que cette « époustouflante meilleure amie » est aussi un parfait antidote à l’ennui, au désœuvrement et à la solitude? Raison de dire qu’en stimulant sans cesse mes facultés cérébrales, la curiosité me garde en contact avec l’évolution de l’Univers; informée des changements climatiques de la Terre, des progrès ahurissants de la technologie et des merveilleuses créations de nos artistes contemporains. Pourrais-je même conclure que grâce à cette fantastique meilleure amie, je suis presque chaque jour en compagnie d’un nouvel émerveillement?

     ❤️

   Cora

Psst : Si on me le demandait, je serais totalement incapable de compter le nombre de livres joliment cordés par sujets dans les bibliothèques couvrant la plupart des murs de ma maison.

Ces milliers de pages ont largement contribué à assouvir ma curiosité, pratiquement dans tous les domaines. Et ces livres, elle le sait déjà, font partie de l’héritage de ma grande petite-fille.

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