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21 juillet 2023

La vita è bella!

7 h 36 au café du village
J’adore utiliser le mot OUI. Trois petites voyelles qui en disent beaucoup.
Oui, je t’aime. Oui, je peux. Oui, je suis d’accord.
Oui, je vais t’aider. Oui, la vie est belle.

Ce magnifique mot « oui » glisse dans l’azur tel un aigle royal et lorsque la neige mordille nos joues, il se change en traîneau de père Noël bourré de cadeaux. Les sons clairs du chardonneret jaune nous annoncent l’été. Les entendez-vous? Même en somnolant quelquefois, j’entends le gazouillis des alouettes à la tignasse ébouriffée. J’imagine leurs cris comme un orchestre de milliers de petits « oui, oui » en habit de gala.

Trois divines voyelles peuvent sceller un mariage. Oui, oui! Le sceller et le défaire en criant ciseau, direz-vous. OUI est probablement le mot le plus important du vocabulaire. Il n’est peut-être pas aussi décisif et tranchant que le NON, mais il est rempli d’espoir.

Pourriez-vous calculer un brin, le nombre de OUI que vous prononcez par jour? Et peut-être aussi le nombre de NON? Seriez-vous un OUI ou un NON? Je vais tenir mon calepin dans ma poche et faire ma propre investigation.

Bien sûr, je me crois un OUI aussi gros que l’Everest! Pour moi, le NON est un bonhomme Sept-Heures qui me fait peur. Le NON sonne comme un coup de marteau, bien souvent. Je me souviens, toute petite, je n’entendais que ces petits coups secs et décisifs.

Rarement, frérot acceptait de jouer avec nous, les fillettes. Il se croyait tellement savant. Assis sur la clôture de notre lot, il parlait de l’avenir; des métiers abracadabrants qu’il allait plus tard choisir. Et nous pouffions de rire à l’entendre énumérer : dompteur d’éléphants au Kenya, magicien, espion ou brocanteur officiel du tour de la péninsule.

Moi aussi, à cette époque, je rêvais de gros OUI. Je noircissais tous les papiers blancs que je pouvais trouver. J’adorais écrire et découvrir de nouveaux mots et leur signification. Au Noël de mes 11 ans, j’ai reçu un dictionnaire Larousse et je sautais de joie. Chaque soir, je m’endormais avec la grosse brique de mots collée sur mon cœur. J’étais aux anges même si maman chialait à l’occasion de devoir repasser une ou deux minces feuilles, légèrement froissées.

Oui, oui! Ce merveilleux cadeau fut le premier d’une trentaine de différents dictionnaires que j’allais acheter avec le temps et qui, encore aujourd’hui, sont avec moi, bien cordés dans une bibliothèque IKEA à porte vitrée. Même si j’ai Google à portée de doigts, j’aime toujours ouvrir un livre savant.

Bien souvent, nous hésitons entre le OUI et le NON. Se pourrait-il que nous soyons courageux et poules mouillées à la fois?

J’ai pourtant encore l’impression que le OUI ouvre les bras à tout bout de champ. Le NON serait-il aussi important que le OUI? Le NON ferme la porte, selon moi. Il éteint la lumière et n’entend pas le cri du cœur.

Ce n’est pas facile de dire OUI. Mais le NON fait aussi peur. Il dérange, il déçoit, il contrarie et attriste celui qui le dit, bien souvent.

Peut-être sommes-nous incapables de choisir notre camp. Dire OUI ou dire NON? Peut-être est-ce la tête et le cœur qui s’affrontent. Cette tête qui jamais ne se repose, serait-elle plus bavarde que le cœur? Plus analytique et plus réfléchie?

Le cœur ne fait que battre, croyons-nous. Pourtant le grand inventeur, mathématicien et philosophe Blaise Pascal, a immortalisé sa célèbre phrase : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ».

Pensez-y un brin. Le cœur bat plus ou moins vite selon ce qu’il advient de lui. Serait-il le centre des sensations, des émotions, de l’amour avec un grand A? Aujourd’hui, l’idéogramme du cœur ♥ est universel et fait partie de la symbolique affective de notre culture.

Récemment, j’ai moi-même expérimenté le plus surprenant des coups de foudre juste à admirer un beau visage d’homme venu du Grand Nord. Je n’oublierai jamais cette sensation. J’étais tout doucement en train d’écrire dans un café lorsque mon cœur s’est mis à battre déraisonnablement. Les yeux bleu-noir de l’étranger étaient entrés dans les miens et c’était comme si j’étais soudainement branchée sur la plus grosse centrale hydroélectrique de la planète. Des millions de petits OUI sautillaient dans ma tête. Une joie béate envahissait mon entendement et, lorsque le regard de l’Inuit s’approcha de ma table, je crus devoir m’enfoncer dans la glace des banquises tellement j’avais chaud.

Tout cela ne dura que le temps de croquer quelques croissants aux amandes et d’apprendre que l’homme était de passage. Et pourtant! Quelle est donc cette électricité divine qui pousse les êtres à s’apprivoiser, à s’aimer et à se reproduire ici-bas?

Vais-je devoir encore, une millième fois, interroger les anges pour savoir?

Cora

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