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16 juin 2023

Très cher André G.

Très cher monsieur André G., je ne vous oublie pas. Vous êtes d’ailleurs dans ma tête chaque matin depuis que j’ai lu votre courageux commentaire concernant la lettre publiée le dimanche 21 mai, intitulée LETTRE À MOI-MÊME.

J’ai vraiment besoin que vous me pardonniez. Depuis que j’ai commencé l’écriture du dimanche, en pleine pandémie, pour conforter nos précieux clients, mes doigts pianotant sur un clavier sont devenus plus bavards que des pies.

Après avoir parlé de nourriture, de jolies assiettes et de multiples recettes de cuisine, j’ai continué d’écrire sur l’entreprise, les employés, l’expansion des restaurants, le courage, la créativité et l’audace d’exister. Comme je désirais continuer à écrire, j’ai plongé tête première dans un océan de possibilités. Oui, oui! Maux à mots, j’ai voulu me raconter, parler de mon enfance, de mes parents, de mes espoirs de jeune fille et des quelques déceptions que la gueuse de vie avait décidé de m’octroyer.

Je vous remercie, cher monsieur André G., de me dire que vous aimez me lire et que cette lecture fait partie de votre routine dominicale. Vous ajoutez, et je vous cite mot à mot : « Toutefois, madame Cora, savez-vous que les hommes, dont plusieurs sont aussi vos lecteurs, ne sont pas tous méchants? J’ai parfois le sentiment que vous les évaluez comme tels. Il y a de bons hommes aussi, des hommes aimants, aimables. Il y a de bons pères de famille, doux et protecteurs. Ne nous oubliez pas. »

Mon cœur pleure en vous lisant. À 19 ans, j’ai marié le mauvais gars et il m’a brisée. Il a détruit la jeune femme aimante que j’étais. Ce carnage matrimonial a duré 13 longues années avant que je puisse m’enfuir. Sans secours, sans argent ni père, mes enfants et moi avons pourtant survécu.

Ne vous est-il jamais arrivé de trouver une chenille destructrice dans un chou? Les dégâts apparaissent dès les premiers réchauffements. J’étais, à cette époque, une jeune intellectuelle encore ignorante des choses de la vie. Et qu’aurais-je pu faire? J’avais déjà sa semence dans mon ventre. Il a voulu expulser le fœtus et j’ai dû verser toutes les larmes de mon corps pour garder l’enfant.

Je vous le jure, cher André, je ne déteste pas les hommes. Mais lorsqu’un tsunami arrive dans une jeune vie, la reconstruction est beaucoup plus lente que la démolition. On cherche d’abord une rive sécuritaire, un travail pour nourrir ses marmots et plus tard, beaucoup plus tard dans l’échelle de l’oubli, on recommence à rêver à l’amour. L’amour mûri, l’amour tranquille, l’amour solide et l’amour en habits de tous les jours.

J’en rêve moi aussi, surtout maintenant que j’en ai le temps. Même les enfants de mes enfants m’en parlent à l’occasion; ils me souhaitent tous de trouver un gentil compagnon et je refuse de passer mon tour. Oui, oui! Je cherche un cœur bienveillant, un artiste des fleurs, un conteur, un vieux philosophe capable de m’amadouer, un veuf qui a aimé. Mon cœur pourrait-il reprendre la route? J’avance et je cherche la mappemonde des hommes au cœur libre; aimables et aimants, doux et protecteurs.

Encagés dans leurs silences respectifs, mes parents n’ont jamais pu me démontrer l’exemple d’un bel amour. Dites-moi, cher André, où sont ces hommes courageux et valeureux, ces bons maris qui ont perdu leurs amantes? Où se cachent-ils? Où qu’ils soient, en cet heureux dimanche, de tout mon cœur, je leur souhaite la plus belle fête des Pères! Je loue leur courage, leur audace et leur amour des enfants.

Très cher papa d’amour, pour moi comme pour toi là-haut, je demande aux anges une immense faveur, une seconde chance. Une bienheureuse façon de nous réincarner chacun dans un mariage heureux.

Cora
♥♥♥

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