Les restaurants Cora embauchent, faites partie de l’équipe!
 | 
20 août 2021

La fabrication d’un CHEF!

Les leaders se fabriquent eux-mêmes à partir de la meilleure raison au monde : vouloir créer quelque chose qui a le potentiel de devenir beaucoup plus grand qu’eux-mêmes.

J’ignorais ces choses en ouvrant le premier petit resto. Comment l’aurai-je su? Moi qui n’ai appris, pendant trop longtemps, que des matières immatérielles telles que la littérature, l’histoire, les langues anciennes et la philosophie. Divorcée et fauchée, je voulais juste gagner ma croûte et nourrir mes trois enfants. 

Mes débuts en affaires sont beaucoup moins prestigieux que ce que vous pourriez penser. Peut-être suis-je tombée par hasard dans la potion magique!

La vérité c’est que je n’ai pas choisi la restauration. C’est plutôt elle qui s’est imposée à moi. Mon père avait raison de me dire que les études classiques ne valaient rien lorsqu’il fallait gagner sa vie. En vérité, ces grandes études entassées dans ma caboche m’ont causé plus de tort que de bien lorsqu’arriva l’heure fatidique de devoir travailler pour vivre. 

J’étais à cette époque une pauvre intellectuelle divorcée et tellement triste de devoir se résigner à travailler avec ses mains plutôt qu’avec sa prose. C’est pourtant ainsi que j’allais rapidement exceller. Ayant vendu in extremis la maison familiale que la banque avait dans sa mire, j’ai ouvert le premier Cora sans idée préconçue, ni passion particulière pour la nourriture, ni rêve de grandeur ou de réussite éclatante. J’allais cuisiner, servir des clients, nettoyer le bouiboui et apporter à l’appartement les restes de nourriture pour le souper des enfants.

Mais me voilà pourtant comme un « dumpling », la tête émergeant du bouillon. Soudainement happée par un second niveau de signification, je me suis mise à donner de l’importance aux gestes, aux choses et aux créations alimentaires nouvellement installées dans ma tête de patronne malgré elle. Chaque jour, je me surprenais à vouloir embellir, mieux faire, ajouter de la couleur et une saveur inoubliable à chaque assiette. Sans m’en rendre compte, les rondelles de bananes, les fraises et les framboises se sont mises à danser sur les tranches de pain doré. Les bleuets frais sautaient sur les triangles de melon avec les gros raisins rouges, les quartiers de pommes, de poires et de pêches juteuses. 

Deux mois plus tard, j’ai créé le premier horaire du personnel, une liste des denrées à cocher au besoin, un rapport quotidien de fermeture de caisse avec le nombre de clients et le montant d’argent, ainsi qu’un modèle de fermeture de mois afin que je puisse suivre notre progression. Puis j’ai cousu moi-même des tabliers fleuris pour les serveuses.

Dans ce premier resto Cora, jour après jour, sans vraiment le réaliser, nous avons créé tout ce que nous appellerions plus tard « le concept Cora ». Épurant la tradition d’alors, j’ai amélioré chaque recette, chaque choix d’aliment, y compris le sirop sur les crêpes délicieuses et une crème pâtissière hors du commun. Mon assurance en cuisine grossissait aussi vite que les files d’attente quotidiennes à notre porte.

Je m’en souviens tellement. Ignorant encore la portée de mes gestes, j’organisais dans ma tête le travail à faire et le monde autour de moi pour le faire.  Inconsciemment, je nous préparais à croire à une réalité encore invisible à l’œil nu.

Voici humblement le début de mon leadership. Je n’avais certes pas choisi cette vocation, mais je me suis adaptée à la situation. Au lieu de m’apitoyer sur mes misères, je me suis attelée à la tâche pour tirer nos vies vers des jours meilleurs.

Et parce que je me suis engagée à réussir, j’ai fait plein d’efforts que d’autres n’ont pas faits et j’ai eu les résultats que ces autres n’ont pas connus. J’ai commencé très tôt à convaincre mes enfants et les quelques premiers employés que nous faisions davantage que de servir les clients; que nous étions en train de construire quelque chose, une idée, une façon de faire différente de ce qui existait ailleurs.

Bien sûr, je manquais de mots et de connaissances pour articuler correctement l’œuvre à laquelle nous participions et dont nous devenions les humbles serviteurs. 

Je ne sais pas où j’ai trouvé le courage et la détermination nécessaires à entretenir cette chimère jusqu’à ce qu’elle puisse émerger du néant et vivre par elle-même. J’en suis consciente aujourd’hui. Dans ce premier petit restaurant de 29 places assises ouvert en mai 1987, j’ai accouché d’un concept extraordinaire. Et comme une vraie mère, j’ai veillé moi-même mon bébé jour et nuit. En cuisinant, en inventant et en dormant, je n’ai pensé qu’à lui, à son bien-être et à sa pérennité. J’ai assumé toutes les responsabilités liées à sa croissance, aidant les gens autour de lui à mieux le servir et prenant soin de nous garder, mes enfants, mon équipe et moi, à l’abri du chaos pessimiste des incrédules.

C’est avec l’arrivée du concept Cora qu’est née la patronne en moi. Mes enfants ayant déjà fait de moi une maman, la naissance du concept CORA a fait de moi un chef, un leader qui, comme une maman attentive, s’est mise à acquérir, sur le tas et dans l’épreuve, chacune des forces qui lui serviraient à accompagner l’enfant jusqu’à maturité.

J’ai voulu enseigner par l’exemple et ne jamais exiger de quelqu’un ce que je n’étais pas prête à faire moi-même. J’ai été disciplinée et sévère, écartant de moi tout ce qui menaçait la réalisation de mes objectifs. Ça n’a pas toujours été facile de croire au potentiel de mes idées; pas facile du tout de croire à un concept bâti sur une montagne de coquilles d’œufs.

Ma tête, certains jours, était aussi démunie qu’un océan vidé de ses poissons et il fallait chaque fois me reconstruire. Laver à grand cycle mes doutes et mes craintes et étendre en plein soleil ma détermination et mes objectifs. 

Le malheur lorsqu’on est le LEADER d’une entreprise c’est qu’il n’existe pas d’autorité supérieure susceptible de nous accorder un petit « bravo » ou un « très bien » entre deux réunions. Peut-être est-ce pour cette raison que j’avais accroché dans mon premier resto la photo de mon papa, décédé avant même que je démarre en affaires. J’avais tellement besoin de ces petits mots d’encouragement à mes débuts et paradoxalement, on dirait que c’est l’époque où ils ont été les plus rares.

Dieu merci, ce sont les immenses sourires des clients qui m’ont toujours gardée saine d’esprit et combative. Et de même aujourd’hui, très chers lecteurs, ce sont vos multiples bons commentaires qui, chaque semaine, m’encouragent à poursuivre notre conversation.

Mille MERCIS à vous tous!

     ❤️ ❤️ ❤️

       Cora 

chevron-down